L’ETA Nizan, de Mordelles, vient d’acquérir un automoteur pour l’épandage du lisier, le 2e en Ille-et-Vilaine. Une solution qui permet de réduire le tassement du sol et les pertes par volatilisation de l’azote.
L’automoteur avance rapidement dans la parcelle située tout près de maisons d’habitation, en périphérie de la ville de Bruz. L’odeur est limitée, la culture n’est pas abîmée. En bout de parcelle, le chauffeur braque facilement. Grâce à l’injecteur à disques, le lisier est enfoui à quelques centimètres dans le sol. « Directement disponible pour la culture, il est moins soumis au vent et au soleil. Cela limite la volatilisation de l’azote. Avec ce type d’outil, il n’y a que 10 % de pertes d’azote alors qu’avec un système à buse, c’est 70 % (40 % avec un pendillard) », expliquent Guillaume et Serge Nizan.
Une centaine d’hectares depuis début février
« Pour les digestats de méthaniseurs, riches en azote ammoniacal, ce matériel est également intéressant. Les disques sont proches les uns des autres permettant une meilleure répartition (17 cm d’intervalle) »,poursuivent-ils. À la tête d’une ETA basée à Mordelles (et d’une exploitation laitière à côté), ils viennent d’investir dans cet automoteur d’occasion qu’ils ont acheté auprès du constructeur néerlandais Vervaet (modèle Hydro Trike).
Arrivée début février, la machine a déjà travaillé sur une centaine d’hectares au total. « Les clients sont au rendez-vous. Nous avons commencé par la proposer sur prairies : c’est son intérêt premier car elle permet un apport de lisier sans tassement du sol et sans salir la végétation. La prairie reste appétente et on peut y revenir régulièrement pendant la saison de pâturage. » Vu les conditions météo de cette fin d’hiver, la demande s’est tournée vers le blé également. « Nous pourrons aussi épandre sur luzerne ou sur maïs et colza avec un injecteur à dents. »
[caption id= »attachment_39479″ align= »aligncenter » width= »720″] De gauche à droite : Guillaume Nizan, son père Serge et Kévin Boheas, salarié qui conduit régulièrement l’automoteur.[/caption]
La même pression qu’un homme sur le sol
L’automoteur est équipé de trois roues d’ un mètre de large, un devant et deux sur les côtés : il ne génère donc qu’un passage de pneu par rang. « Par ailleurs, la pression des pneus est ajustée entre la route et la parcelle grâce au télégonflage. Elle se déplace aussi vite qu’un tracteur. » Chargé d’une cuve de 14 000 L, l’ensemble affiche une pression de 750 g/cm2, l’équivalent du pas d’un homme. A titre de comparaison, une vache exerce une pression de 4 à 6 kg/cm2 », chiffre Guillaume Nizan. À l’intérieur de la cuve, le lisier est en mouvement continu et passe dans un broyeur, ce qui offre plus d’homogénéité. Des « pinces anti-goutte » hydrauliques permettent de stopper la sortie.
L’automoteur est alimenté par un bras de pompage qui prélève le lisier directement dans la fosse ou dans un caisson tampon de 45 m3 placé au cœur d’un îlot. Plus on est éloigné, plus le coût est important. « Mais l’opération est rentabilisée par un gain de rendement. Cela revient à moins cher que l’épandage d’ammonitrate et cela amène aussi du phosphore, du potassium, du soufre… », argumentent les entrepreneurs.