Et si l’on reparlait de souveraineté alimentaire. Ce mot un brin noble, mais tellement terre à terre, pour dire qu’un pays est en capacité de nourrir sa population sans être dépendant des autres. Dans un monde de plus en plus agité et imprévisible, le sujet est de première importance. Exemple à l’appui : en 2016, la France, sous le coup de pluies diluviennes, enregistrait sa récolte de blé tendre la plus faible depuis 30 ans. Une chance que la même année, les tchernozioms, ces vastes terres fertiles de l’Ukraine, tenaient toutes leurs promesses avec des rendements records. Dans l’ignorance et l’insouciance totales, le risque de pénurie européenne de blé était écarté grâce aux possibilités offertes par la liberté du commerce mondial, accordent des économistes éclairés. Que serait-il advenu en 2016 si une catastrophe climatique ou politique mondiale avait conduit les « empereurs » Poutine, Jinping et Trump à faire main basse sur des stocks vitaux pour garantir la paix sociale dans leur pays respectif ?
Début mars, au Salon de l’agriculture, cette subordination aux importations était au cœur du discours du président de la République. Comme l’a rappelé Emmanuel Macron, le vrai risque qui guette l’agriculture, « c’est le fait que 70 % du bétail européen soit nourri par du soja OGM importé et donc que le prix de nos œufs, de nos volailles, soit tributaire de l’augmentation du coût de ces matières premières qui ne manqueront pas sous l’effet de l’augmentation de la demande chinoise ». Occasion pour le président de rappeler que la politique agricole initiée par les pères fondateurs remplit la fonction de protection qui lui est si chère. De rappeler que l’Europe agricole est « un bien précieux qu’il nous faut préserver » car garante d’une alimentation accessible et de qualité.