Que serait l’agriculture bretonne sans les femmes. Rien de ce qu’elle est aujourd’hui. Dans notre belle région agricole, les femmes représentent près du tiers de la main-d’œuvre familiale. À ces 11 000 actives familiales s’ajoutent 13 000 salariées de la production agricole. Une vraie force de travail, et bien plus…
On peut situer à la Première Guerre mondiale le début de la période d’émancipation économique des femmes dans les campagnes. Elles remplacent alors les hommes dans les travaux des champs. Deviennent chefs d’exploitation à part entière ; sont reconnues comme telles par les autorités puisque inscrites sur les listes électorales aux premières élections Chambre d’agriculture, en 1927.
Leur prise en main des affaires de la ferme en l’absence des hommes à partir de 1914 ne saurait étonner les sociologues et ethnologues qui se sont penchés sur ce que l’on appelle le matriarcat breton, supposé vestige du droit celtique de la « Très ancienne coutume de Bretagne » qui attribuait une situation particulière à la femme bretonne. Légende ou pas, cette référence au matriarcat breton ne déplaît pas aux agricultrices qui ne manquent pas, aujourd’hui encore, de peser dans les décisions des exploitations. Que ce soit au niveau des choix professionnels, quand il s’agit de résister à l’époux toujours prompt à accumuler des hectares et du beau matériel. Que ce soit dans le domaine de la vie personnelle quand il s’agit de convaincre Monsieur de partager des moments en famille, en vacances avec les enfants, alors que la société agricole demeure profondément marquée par la valeur travail. Il va sans dire que tant que l’agriculture comptera des femmes son avenir comptera.