« Nous n’arrivons pas à motiver les jeunes à s’engager pour le collectif ». Kévin Thomazo, président des JA, a invité Roger Le Guen, sociologue, à évoquer d’éventuelles solutions, devant ses collègues. « Nous vivons une période d’augmentation des préoccupations individuelles. Les valeurs mises en avant dès l’école concernent l’individu et pas le collectif ». Pour Roger Le Guen, le mouvement social des Gilets jaunes l’illustre, en partie : « Il s’est développé en dehors des syndicats ». Les logiques de court terme dominent : « Nous sommes dans l’idéologie de l’urgence avec une baisse de réflexion sur ce qui est important ». Les moyens d’information évoluent. Les liens sociaux sont plus nombreux (réseaux) mais plus faibles. Ces liens vont souvent à l’encontre des institutions (syndicats, partis politiques…). La société se divise en bulles, « on a du mal à se comprendre entre milieux différents ». Intégrés à la société De nouvelles formes de militantisme apparaissent. « Les agriculteurs ne sont pas plus individualistes mais ils s’engagent de manière plus ponctuelle dans des actions dont les objectifs sont clairs et les résultats mesurables. Les nouveaux engagés sont plus attentifs aux relations humaines et sont moins dans le dogme ». Les jeunes veulent de l’innovation y compris dans les institutions professionnelles car celles-ci évoluent moins vite que les exploitations. « Les paysans ont tendance à dévaloriser, voire rejeter les processus de changement, sur le bien-être animal, sur l’environnement… Les syndicats relaient publiquement ce message trop négatif. Ils dramatisent. Ce faisant, ils laissent la grande distribution tirer profit de la demande sociétale. Beaucoup de jeunes ne s’y retrouvent pas et refusent de s’engager ». L’enjeu essentiel, selon le sociologue, serait de s’adapter à cette évolution demandée par la société, dont les jeunes veulent être un maillon, pas toujours en opposition. …
Les motivations pour s’engager évoluent