Président du groupement porc de Triskalia, Michel Bloc’h s’exprime sur les tendances de marché, la situation sanitaire et la création d’une AOP.
« L’année 2018 a été une mauvaise année et les trésoreries souffrent en ce début 2019. Il y a quand même des motifs d’espoir pour les mois qui viennent. La tendance est à la baisse de production dans l’Union européenne. Les estimations récentes montrent une baisse de 1 % de production de charcutiers mais surtout une diminution de 3 % de truies par rapport à l’an dernier (- 9 % aux Pays-Bas, – 3,8 % en Allemagne, – 1,3 % au Danemark, – 18 % en Pologne). Les Espagnols tentent de limiter l’utilisation d’antibiotiques ce qui leur pose des problèmes sanitaires et freine l’augmentation de production (+ 1,9 % de truies).
Au niveau mondial, les États-Unis augmentent leur nombre de truies (2,4 %) mais sont confrontés à des problèmes commerciaux avec la Chine. Les intégrateurs vont probablement s’interroger… En Chine, la situation sanitaire semble catastrophique, en raison de la fièvre porcine africaine. Nous sommes sans doute à l’aube d’un retournement de situation. Le seul bémol concerne le virus de la peste, présent en Belgique dans la faune sauvage, suite à des importations de sangliers pour des chasses privées. Nous sommes optimistes sur la reconnaissance des régions comme entité de production par les importateurs asiatiques, ce qui permettrait, par exemple, à la Bretagne d’exporter si une autre région française était touchée.
L’association des organisations de producteurs (AOP) est sur les rails. Les jeunes administrateurs des différents groupements, chargés de suivre ce dossier, viennent de définir quatre objectifs pour redonner du pouvoir aux éleveurs et gagner la confiance des consommateurs. Ils proposent d’établir un plan stratégique avec une démarche de progrès, de définir un cahier des charges Contrat d’avenir sociétal, de simplifier les signes officiels de qualité et de mettre en commun des moyens pour régler les problèmes de fluidité. Ces problèmes de fluidité sont effectivement aussi incompréhensibles qu’inacceptables, tout comme les 5 ct/kg d’écart sur l’année passée entre les prix français et allemands. Nous devons trouver des solutions collectives. »