Katell Guays profite de cette tribune pour évoquer ce qu’elle vit et ce que vivent d’autres agricultrices, agriculteurs autour d’elle.
« Installée depuis 3 ans, j’ai pris un pari sur l’avenir en toute connaissance de cause lorsque j’ai décidé d’être une cheffe d’entreprise agricole. Je porte différentes casquettes celle de cheffe d’entreprise, de maman, de femme et je ne fais pas abstraction de l’agriculture qui est en moi. Quand on est jeune installée, on est vite pris dans l’engrenage du quotidien, des urgences et des priorités, du travail, des heures de travail, de réussite, et surtout de rentabilité… On ne sort pas la tête de l’eau. On peut dire qu’on est heureux mais sous l’eau !
Autour de moi, je vois que la crise n’est pas encore passée. Des ami(e)s proches ont fait le choix d’arrêter leur activité récemment. Il et elle ont osé faire un deuil de leur vie actuelle pour un autre projet de vie. Il et elle ont su dire ‘stop’ avant de basculer dans… Pour être franche, lorsque j’ai appris cette nouvelle, cela a été difficile, violent même, je me suis effondrée parce que je les voyais travailler, cela m’a questionné sur mon et notre propre avenir. « Est-ce qu’arrêter est l’unique solution ? » « Et nous, et moi .. cela peut aussi nous arriver ! ». L’émotion passée, j’ai eu besoin de retrouver un sens à mon métier et cet événement m’a permis de m’ouvrir sur les accompagnements possibles pour ne pas rester seule. Le métier d’agriculteur et d’agricultrice est plein de tabous, il faut cacher ses difficultés ou ses faiblesses…
Chacun(e) de nous a le droit de douter, même en tant que chef(fe) d’entreprise, mais il faut le faire partager. Dernièrement, j’ai suivi la formation « Avenir en soi » proposée par la MSA. Elle m’a permis de travailler sur moi-même et de trouver des réponses aux questions que je me pose. Pour moi il s’agissait de m’interroger sur l’avenir et mes motivations. Dans cette grande incertitude et la bataille des prix, il faut se dire que nous ne sommes pas seul(e)s. Sans nous juger, des conseillers, conseillères sont là pour nous aider, nous accompagner pour surmonter nos difficultés ou nos doutes. Cette formation est intense, riche un peu comme une introspection de soi-même. Cela m’a permis de me recentrer sur mes attentes. En rentrant dans cette formation j’avais l’impression d’être dans un tunnel. À l’issue de celle-ci j’en sors plus sereine et armée. J’ai repris confiance en moi. J’accepte de douter pour apprendre à rebondir ! »
Katell Guays, agricultrice à Saint-Malon-sur-Mel (35)