Dans des régions très escarpées et difficiles d’accès de Toscane, de Ligurie et de Sicile, des agriculteurs italiens pratiquent ce que l’on appelle « l’agriculture héroïque ». Ils entretiennent et renouvellent des oliveraies, des vignes, des citronneraies qui, au regard des critères de productivité classiques, auraient dû échouer aux friches.
Et pourtant. La résistance des agriculteurs, leur entêtement à se créer un avenir économiquement durable dans ces territoires en a voulu autrement. Ces initiatives sont aujourd’hui soutenues par le ministère de l’Agriculture. D’une part, parce que ces produits agricoles cultivés dans des champs en terrasse bénéficient d’une forte image. D’autre part, parce que le caractère authentique de ces produits du terroir profite à l’ensemble de la production agricole du pays. Jusque sur la charcuterie italienne que l’on retrouve en masse dans nos magasins bretons.
Cette « agriculture héroïque » est également plébiscitée car elle participe à restaurer des canaux d’acheminement d’eau et des murets vieux de plusieurs siècles. Cette préservation des paysages traditionnels profite à l’économie du tourisme. Enfin, préserver ces ouvrages permet de limiter les glissements de terrain et les inondations. Autrement dit, cette « agriculture héroïque » se révèle d’une richesse insoupçonnée. Ces agriculteurs exercent en fait une double et noble fonction « d’agri-culture » : nourrir les hommes et transmettre un héritage culturel.
La Bretagne n’a pas d’oliveraies, ni de murets. Mais elle a des talus, des chênes en ragosse, des zones humides pourvoyeuses d’eau de qualité et de biodiversité. Quelques timides initiatives tentent de redonner de la valeur à ce patrimoine commun. Il y a exemple à prendre auprès des agriculteurs italiens.