La stabilité du rumen est vitale pour l’animal. Avant de raisonner l’équilibre énergie/azote d’une ration, certains points de vigilance sont à prendre en compte.
[caption id= »attachment_40111″ align= »alignright » width= »180″] Marine Lemasson, Proélys EIRL[/caption]
« Avec des ruminants, le principe est d’obtenir un maximum de lait avec les surfaces fourragères. Atteindre 8 500 L/VL est faisable en bio ou en système autonome », commence Marine Lemasson, experte en nutrition bovine (Proélys EIRL). Elle a animé en mars une session de la formation « Découvrir l’agriculture biologique & envisager une conversion » proposée par Agrobio 35. « La ration doit être valorisée entièrement. Dans beaucoup d’élevages, seuls 70 % sont utilisés, le reste allant dans les bouses, les urines, la sueur… Un déséquilibre ou une ration trop importante peuvent aussi entraîner des problèmes sur les organes (mamelle, poumons, utérus…). »
Régularité du pH
La conseillère rappelle que la vache ne se nourrit pas d’herbe ou de maïs mais des produits de dégradation des fourrages par les micro-organismes contenus dans son rumen, les bactéries en premier lieu. « Il faut donc que son rumen soit le plus régulier possible en pH pour maintenir l’équilibre. Au-dessous de 6,2 de pH, les bactéries commencent à disparaître. Environ 95 % des troupeaux sont en sub-acidose. »
Pour maintenir la stabilité ruminale, il ne faudra apporter au ruminant que ce que le rumen est capable de gérer en acides gras volatils produits par la flore microbienne. « Globalement, le rumen peut valoriser 20 kg MS/jour en moyenne de troupeau, apportés en deux repas équivalents. Au-delà, la plupart du temps, plus la vache ingère, moins elle digère », cible la conseillère. « Par ailleurs, les aliments à forte énergie fermentescible doivent être limités à 1/3 de la ration car ils augmentent rapidement l’acidité du rumen. Ce sont par exemple l’herbe affouragée, le blé, le seigle, le triticale. »
Un tapis fibreux
Et il est préférable d’amener les aliments fermentescibles après l’apport de fibres de structure (foin, enrubannage fibreux, pailles de mélange, prairies permanentes en épiaison, maïs épi…). « Ce tapis fibreux permet de ralentir la solubilisation et d’augmenter la taille des papilles ruminales. » Représentant le reste de la ration (3,5 à 4,5 kg MS par repas), les fourrages structurés permettent une ingestion lente et favorisent la production de salive, donc la régulation de l’acidité.
Des concentrés si besoin
Concernant les concentrés, « leur valeur réelle ne dépend que de la ration dans laquelle ils sont ajoutés. Une fois les fourrages grossiers mis en place, on regarde ce qui manque. Pour davantage d’énergie (lente et uniquement si besoin), on peut utiliser idéalement du maïs grain, du maïs épi, de l’épeautre, de l’avoine. Le blé, le seigle ou le triticale, sont déconseillés, car trop fermentescibles. Le concentré peut aussi être de l’azote soluble qui sert à faire tourner l’usine bactérienne : féverole, tournesol, lupin, colza, soja. » S’agissant du sel, « mieux vaut le proposer en vrac – gros sel marin – plutôt qu’en blocs à lécher, pour en faciliter l’accès », précise l’experte.
Ne pas repousser autour de 15 h
10 % de places en plus au cornadis
Pour valoriser au mieux la ration, le nombre de places à l’auge doit être suffisant. « Avec des cornadis (bloqués 1 heure au moins), il est important de prévoir 10 % de places en plus, 15 % avec des barres en S et 20 % avec des barres au garrot », conseille Marine Lemasson. « Occuper au maximum l’auge n’est pas gage de production. Les primipares ou les vaches moins affirmées sont obligées de venir à contrecœur à côté des dominantes et ne mangent pas bien. » De même pour les logettes, il faut compter 10 % de places en plus. C’est là que se fait la rumination et donc la digestion.