Le groupement Armor Œufs a rapidement pris le virage de l’alternatif en passant de 15 % de ses effectifs de pondeuses en systèmes alternatifs en 2016 à 45 % en 2019.
Si la mutation vers une production d’œufs alternatifs est bien amorcée, il reste encore des amortissements chez des éleveurs ayant effectué la mise aux normes des cages en 2012. « En 2016, il restait chez les éleveurs du groupement Armor Œufs 65 millions d’euros de capital restant dû suite à la mise aux normes bien-être, dont 49 millions rien que pour les investissements dans les cages. Pour 40 % des effectifs pondeuses cage, il restait 17 €/poule d’amortissement, pour 40 % il restait 10 €/poule et pour les 20 % restants 3 €/poule », décrit Yannick Thoraval, directeur sourcing et négoce œufs pour le groupe Avril. En 2016, les effectifs pondeuses du groupement étaient de 6 millions de pondeuses cage pour 1 million en systèmes alternatifs. En 2019, c’est 4 millions de pondeuses en cage pour 3 millions en systèmes alternatifs. « Les effectifs sont passés de 15 % de pondeuses en alternatif en 2016 à 45 % en 2019. À la fin de l’année, nous serons près de l’objectif fixé par l’interprofession à 50 % d’alternatifs pour 2020.
Un marché à prendre pour le sol
Les transformations de bâtiments existants se font principalement vers une production plein air, une petite partie en sol et très peu en biologique. « D’ailleurs, nous arrêtons provisoirement les projets et le développement en production bio. Certains élevages qui devaient démarrer en bio vont basculer vers une production plein air au moins pour une bande afin de voir comment va évoluer le marché. Le but étant de caler au mieux l’offre à la demande », déclare Yannick Thoraval. Il poursuit : « Le sol décolle assez peu comparé au plein air, pourtant le marché est là. Les éleveurs doivent réfléchir à passer de la cage vers le sol dès qu’ils le peuvent. Le risque d’attendre le dernier moment est que les places soient prises au moment où les producteurs décident de franchir le pas. »
Chercher de la valeur
Xavier Deryde, directeur général délégué de la filière œufs d’Avril a dévoilé la stratégie de filière à horizon 2023. « Nous allons chercher de la valeur plus que du volume tout en répondant aux attentes du marché. Nous allons orienter les œufs vers les circuits les plus valorisés. La valeur se crée par les marques. Nous allons repositionner Matines afin de donner du plaisir et de la confiance aux consommateurs dans une marque refuge, en mettant en avant des œufs ramassés à la fraîcheur du matin, des poules élevées sans antibiotiques, nourries avec des céréales 100 % françaises dans le respect des bonnes pratiques d’élevage. » La marque Mas d’Auge va être relancée et uniquement sur le plein air, le bio et le Label Rouge. Ovoteam devient la seule marque à commercialiser des ovoproduits. La gamme va être étendue pour aller de plus en plus vers l’élaboré de type œufs durs, coque, brouillés, omelettes… pour créer de la valeur.