Du soja, du maïs, du tournesol mais aussi du carburant, du ciment, des maxi-trimarans et des paquebots de croisière ; le port de commerce de Lorient irrigue le sud de la Bretagne.
Plus de 60 000 tonnes de soja dans les cales d’un cargo. Le port de commerce de Lorient a battu son record en septembre dernier, quand le navire Chloé a accosté en provenance du Brésil. Si tous les cargos n’ont pas cette capacité, ils sont nombreux à déverser leurs matières premières agricoles sur les quais du premier port agroalimentaire breton, en volume. Du soja d’Amérique du Sud mais aussi du maïs et du tournesol d’Ukraine.
800 000 tonnes chaque année. « Ce volume est relativement stable et devrait le rester dans les dix prochaines années », estime Paul De Geyer d’Orth, nouveau directeur du site.
Tant que les vaches, poules et cochons bretons seront accros aux protéines importées, le modèle économique du port de Lorient tiendra la marée. La capacité de stockage dans les silos et hangars autour des quais permet d’assurer la traçabilité des produits, jusqu’aux usines de fabrication d’aliments des clients. « Nous ne pouvons pas mélanger des denrées de différents cargos, même si le produit est le même », assure le directeur. Le soja non OGM, en provenance d’Inde, largement minoritaire, ne risque pas de se perdre sous des tonnes de soja génétiquement modifié argentin. Le transitaire, qui loue l’équipement du port pour décharger sa cargaison (grues, cellules…), n’apprécierait pas…
Quelques exportations
Le port réceptionne des produits pétroliers raffinés : gasoil, kérosène, sans plomb…. directement livrés par camions chez les clients, notamment dans les stations-service de la région. « Les volumes sont stables. Là encore, une érosion est à prévoir à moyen terme, avec la baisse de consommation énergétique et le développement probable des véhicules électriques ». Le sable, dragué au sud de la Bretagne, et les matériaux de construction en vrac, constituent le troisième pilier de l’activité du port, à parts égales en termes de tonnage avec l’agroalimentaire et les hydrocarbures. Si le port de Lorient est avant tout voué aux importations, il permet l’exportation de marchandises diverses : bois, ferraille, pneus broyés, fonte, engrais, kaolin… et de blé, en direction des pays du Maghreb.
Paquebots de croisière
Bien qu’éloigné des axes touristiques maritimes, le Morbihan attire de plus en plus de bateaux de croisière. Lorient et Belle-île accueillent une douzaine de petits paquebots, chaque année, en escale. Avec une clientèle anglaise, allemande ou américaine, haut de gamme, attirée par les mystères de Carnac, les peintures de Pont-Aven ou les îles du Golfe du Morbihan. Le Black Watch a ouvert la saison début avril, avec 800 passagers et 300 membres d’équipage. Autre activité, les bateaux de course, après leurs compétitions, sont débarqués sur les quais avant leur acheminement vers les chantiers navals de la région, où ils ont parfois vu le jour.
[caption id= »attachment_40392″ align= »alignright » width= »194″] Paul De Geyer d’Orth[/caption]
Les projets ne manquent pas. « Nous souhaitons renforcer l’intégration du port dans la ville », indique Paul De Geyer d’Orth. « En améliorant la circulation dans la zone portuaire et en limitant le trafic en ville ». Le transport des produits agricoles génère, à lui seul, le déplacement d’une soixantaine de camions chaque jour. La Région, propriétaire du port de commerce, souhaite développer le multimodal, notamment le rail. « Nos voies ferrées sont en état mais dès la sortie de la zone portuaire…. ». Le directeur ne rejette pas la faute sur Réseau Ferré de France et avoue : « Le transport par camion offre de la souplesse en termes de gestion des flux pour le port et pour les transitaires qui sont propriétaires de nombreux hangars dans la zone ». L’agglomération planche sur un projet plus global, qui concerne l’ensemble des ports : militaire, plaisance, voyageur, commerce et pêche. Elle souhaite embellir une zone qui manque cruellement de cachet et permettre aux Lorientais de se réapproprier le front de mer. L’entrée dans la ville ne permet à aucun moment de l’apercevoir. Une lacune pour la ville aux cinq ports…