Avec le strip-till, technique de travail du sol localisé, seul le futur rang de semis est travaillé.
« Nous recherchons des outils pour limiter les intrants et les interventions dans les parcelles car le plus gros problème que nous rencontrons dans nos exploitations est avant tout un manque de temps et de main-d’œuvre disponible… », relève Jean-Luc Gautier, président de la Cuma de Trans-la-Forêt (35). Le strip-till pourrait soulager la charge de travail lors des chantiers de semis de maïs, avec un travail superficiel du sol. Le producteur est ainsi à l’initiative d’une démonstration de strip-till organisée par la Chambre d’agriculture de Bretagne le 16 avril. Trois constructeurs proposaient leur matériel : Duro, Carré (Inro) et Sly (StripCat).
Une terre fine sur le rang de la culture
À l’origine, le strip-till proposait de décompacter un sol fermé durant 5 mois d’hiver à l’aide d’une dent. « Son objectif était d’aérer le sol, d’apporter de l’oxygène nécessaire à la germination de la graine », explique Pierre Jallu, représentant la société Duro. Depuis, la réglementation a imposé la couverture des sols… Les strip-till sont tous composés de disques ouvreurs qui tranchent le couvert, éloigné par des chasses débris, et qui ouvrent la ligne de passage de la dent. Cette dent permet d’ameublir la terre sur le sillon sur 15 à 25 cm de profondeur, selon l’apport ou non d’engrais au semis, tout en conservant les résidus de culture en surface.
Des disques déflecteurs canalisent le flux et produisent de la terre fine pour favoriser la circulation de l’air et accélérer le réchauffement de la bande de semis. Des rouleaux affinent et rappuient ensuite la bande travaillée de la future ligne de semis afin d’éviter les cavités. La graine de maïs bénéficie alors d’une terre fraîche pour germer, de la place nécessaire pour développer son chevelu racinaire et d’une terre fine sur le rang de la culture.
La fertilisation au semis, clé de la réussite
« Quand on apporte l’engrais minéral au pied de la dent, 12 centimètres sous la graine, on peut obtenir un fourrage avec un gain de 2 à 3 points de MAT », ajoute Pierre Jallu. Depuis deux ans, Sylvain Desgranges, de Pleine-Fougères (35), utilise le strip-till de la Cuma de Rimou : « En 2017, sur mes premiers essais après RGI, j’ai apporté 60 U d’azote minéral et de l’engrais organique en fin d’hiver. Les rendements étaient corrects mais insuffisants par rapport à mes résultats en travail simplifié ». L’année dernière, 100 % de sa surface de maïs a été implantée en strip-till mais le minéral a été apporté au semis.
« Le maïs n’a subi aucun stress, même durant la saison estivale ; il a atteint 18 t MS en fourrage et 95 à 105 q sec en grain ». Des données satisfaisantes qui ont incité la Cuma à investir pour cette saison dans un strip-till Duro. Ce choix s’est porté « sur sa capacité à semer en combiné à 5,5 km/h », sur une surface estimée à 100 ha dans un premier temps. L’outil exige néanmoins un semoir à disques, plus lourd, qui casse les mottes, rappuie le sol et referme mieux le sillon, insistent les trois constructeurs.
Des outils évolutifs
Si le semis en combiné est intéressant en terre légère, les marques Sly et Carré optent, quant à eux, pour un passage préalable de strip-till avant les semis de printemps, limitant la puissance des tracteurs à
25-30 cv par élément et laissant le temps à la terre de se réchauffer entre les deux passages. Les agriculteurs ont aussi apprécié les possibilités évolutives quant à l’écartement ou à la largeur de la machine et au débit de chantier plus élevé (8 à 10 km/heure). S’ils proposent des éléments montés sur un parallélogramme, Sly offre une pression de terrage ajustable depuis de la cabine du tracteur. Le strip-till Carré est lui équipé de rouleaux à chaînes, « meilleur compromis pour émietter la terre et favoriser le réchauffement ».