Avec ses 60 vaches, l’atelier laitier du centre de formation de Kérel est un outil pédagogique. La performance économique est un objectif tout aussi essentiel.
Avec 60 ares accessibles par laitière, la ferme de Crédin mise sur le pâturage pour abaisser son coût de production. Le silo de maïs est fermé d’avril à juin. Trois mois environ pendant lesquels les vaches consomment quand même 5 kg de maïs épi chacune par jour et du foin, distribués à l’auge. En hiver, la ration est composée de maïs ensilage et de 2,5 kg de matière sèche d’enrubanné de luzerne. Les données des compteurs à lait de la salle de traite 2 x 6 sont transférées au Dac (distributeur automatique) pour l’ajustement des volumes de concentrés.
Au maximum, les vaches peuvent recevoir 2,5 kg de correcteur azoté et 2 kg de concentré de production. L’informatisation est permise par la pose d’une boucle électronique à l’oreille. Des colliers détectent également l’activité des animaux (chaleur, rumination). Des capteurs sont posés sur la queue pour détecter les vêlages. « Nous utilisons cet outil pour des raisons pédagogiques mais la consigne est de laisser les vaches vêler seules », précise Philippe Pinel, responsable de la ferme.
Coût de production
Les paddocks d’un hectare sont conduits au fil avant en période de pleine pousse d’herbe. Les vaches y restent 2 à 3 jours en fonction de la biomasse. Les vêlages sont étalés sur toute l’année pour des raisons pédagogiques. Les petites femelles sont élevées et le surplus est vendu en amouillantes. Elles sont nourries au yogourt puis en ration sèche jusqu’à 6 mois. Ensuite, elles sortent au pâturage ou sont alimentées avec de l’enrubanné d’herbe, selon la saison. L’objectif d’âge au vêlage est de 25 mois. Elles sont inséminées avec de la semence sexée ; quelques vaches avec du Bleu Blanc. Les taries sont à part. « Le tarissement est sélectif, les traitements antibiotiques ne sont pas systématiques. Nous avons peu de mammites ; le taux de cellules est de 100 000 sur l’année, en moyenne. Nous n’avons jamais excédé 250 000 ces vingt dernières années ».
Une quinzaine de jours avant le vêlage, elles sont préparées à part, en boxe pendant l’hiver ou sur une parcelle proche en été. Elles y bénéficient d’une cure de vitamines et de minéraux pour prévenir les fièvres de lait. Les vaches produisent 9 500 litres à 43 de TB et 33,5 de TP. « Nous visons plus l’aspect économique que la valorisation du potentiel des animaux. Le niveau génétique de production est bon. Nous cherchons à améliorer la qualité des mamelles ». Le coût alimentaire, sur la dernière année comptable (2017-2018), était de 88 €/1 000 L (dont 55 €/1 000 L de concentrés). Il est en baisse depuis, en raison de l’utilisation de maïs épi comme concentré de production et de la fermeture du silo pour la deuxième année consécutive, au printemps.
Du parage à la soudure
La ferme est un outil de taille moyenne, fonctionnel, bien dimensionné pour que les stagiaires apprennent à faire l’ensemble des tâches. « Notre système est simple et réaliste. Les stagiaires doivent être opérationnels au niveau de la pratique, prêts à travailler de manière autonome en élevage comme chefs d’exploitation ou comme salariés ». Tous les soins sont réalisés avec les apprenants : intraveineuses, écornage, parage, diagnostic d’animaux malades, traites, tarissement… « Même si nous adhérons à la Cuma intégrale de Naizin, ils apprennent à conduire, à épandre de l’engrais, à traiter les cultures, à souder, à entretenir le matériel, à travailler le bois ». Les stagiaires sont également sensibilisés à l’agro-écologie. « Nous avons le même souci d’économie d’intrants au niveau des cultures. Nous semons du RGA sous maïs (couvert végétal), nous semons deux variétés de colza, dont une précoce pour lutter contre les méligètes, par exemple ». Les personnes intéressées pourront découvrir la ferme et les formations le samedi 27 avril, lors d’une porte ouverte.