Antispécisme : Ces associations qui veulent réécrire notre humanité

 - Illustration Antispécisme : Ces associations qui veulent réécrire notre humanité
Cédric Henry, secrétaire général de la FRSEA Bretagne et Thierry Coué, président, lors d’une tentative de dialogue avec des militants de L214 devant le siège du groupe Avril à Bruz le 18 avril.
L’être humain est omnivore depuis la nuit des temps. Pourtant, certains mouvements voudraient réécrire l’histoire et nous faire penser le contraire. Hervé Le Prince, décrypte le mode de fonctionnement de ces associations antispécistes.

« Il est très important de bien faire la différence entre les associations welfaristes avec qui nous pouvons discuter et qui ont pour objectif d’améliorer les conditions d’élevage, de transport et d’abattage des associations à tendance abolitionnistes/antispécistes avec qui aucun dialogue n’est possible et qui refusent toute exploitation de l’animal par l’homme et affirment la nécessité de devenir vegan », lance Hervé Le Prince, directeur de l’agence de communication Newsens lors de l’assemblée générale d’Anvol, l’interprofession de la volaille de chair le 11 avril à Angers (49). Les adhérents de ces associations antispécistes ont entre 20 et 35 ans, ce sont des urbains, CSP + (1) et ayant réalisé des études supérieures.

Ils vont de l’extrême gauche à la droite nationaliste, ils connaissent peu, voire pas du tout, les animaux et n’ont pour la plupart jamais mis les pieds dans un élevage. « Ils veulent réécrire notre humanité en se basant sur des distorsions scientifiques et éthiques. Pour eux, il est amoral d’utiliser les animaux. Il faut arrêter de manger des aliments-animaux. Ils pensent que l’on vit en meilleure santé sans viande, œufs, lait… Ils imaginent que l’élevage détruit le climat et la planète. La viande serait le symbole du productivisme. Leur idéologie culpabilisante cherche à imposer un nouvel ordre moral », analyse Hervé Le Prince.
Les associations les plus radicales utilisent le business model des ONG pour parvenir à leurs fins. Elles instrumentalisent la souffrance et la mort aux travers d’images réalisées en élevages et dans des abattoirs. Ensuite, elles médiatisent et négocient des exclusivités avec certains médias pour maximiser l’audience.

Après la communication, un marketing de la compassion

La communication sur les réseaux sociaux est alors lancée. La transgression dynamise l’engagement de la communauté. Une association comme L214 totalise à ce jour 737 000 fans sur Facebook. « L214 est clairement l’agence de communication de l’antispécisme en France, des comités sont présents dans 60 villes de France. Ils investissent tous les espaces d’expression de la société : caritatif, mode, loisirs, éducation…

Ce spécialiste explique qu’après la communication vient la phase d’indignation. Se met alors en route la dictature de l’émotion par un marketing de la compassion via la théâtralisation de happenings urbains. La presse est alors convoquée comme lors de ce happening avec la Tour Eiffel en toile de fond et des militants se mettant en scène avec des animaux morts dans les mains. Les exemples se multiplient aussi avec des images volées dans des élevages de porc, de poulet, de lapin ou encore de pondeuse. Entre 2015 et 2016, l’association a publié 17 enquêtes vidéos. Il s’agit ensuite de monétiser tout cela. « En 2008, le budget de L214 était de 5 000 €. En 2015, il était estimé à 600 000 € et en 2017, il atteint le chiffre d’environ 5,2 millions d’euros. Un budget énorme financé essentiellement par des dons défiscalisés à 66 %. Ces associations extrémistes sont donc soutenues financièrement par les pouvoirs publics », s’indigne le communicant.

Faire pression sur les élus

La phase de développement est très importante, elle permet d’asseoir le mouvement. L’objectif est alors de créer une communauté abolitionniste en France et de permettre à une minorité de déstabiliser un système dominant. Les militants créent des groupes de pression citoyens pour mobiliser une communauté et mailler un réseau à l’échelle du pays. Le mot d’ordre est clair : exercer une pression constante sur les acteurs politiques pour obtenir avec peu de moyens des modifications de la loi. « L214 compte à ce jour 32 000 adhérents, ils étaient 8 500 en janvier 2016. Ce sont 6 800 membres actifs répartis dans 60 comités locaux. » Ils influencent l’opinion au travers des médias et pèsent sur la distribution, l’agroalimentaire et l’agriculture tout cela dans le but d’orienter la consommation vers l’arrêt de la consommation de viande et de produits provenant des animaux. « Ils n’hésitent pas à faire pression sur les élus en créant le site politique et animaux dans lequel 3 000 élus sont fichés et notés selon leurs actions en faveur de la condition des animaux. Le Graal pour ces militants antispécistes est la transposition dans la loi afin de dissoudre leur idéologie dans la démocratie », conclut Hervé Le Prince.

(1) Catégorie socioprofessionnelle supérieure

Le non-sens d’un monde sans élevage

Ces associations imaginent un monde sans élevage ce qui est un non-sens humanitaire puisque l’élevage est le moyen de subsistance pour plus de 800 millions de pauvres. C’est aussi un non-sens nutritionnel car on constate que le manque de viande provoque des anémies chez les enfants dans plusieurs régions du monde. Il est aussi bon de rappeler que 66 % des surfaces agricoles de la planète ne sont pas cultivables et que seuls les herbivores peuvent en tirer profit pour produire des aliments. L’élevage est indispensable dans les systèmes de petite agriculture familiale car il assure l’apport d’engrais, entretient la fertilité des sols et ce sont les animaux qui assurent la force de traction pour le travail du sol. Un monde sans élevage serait une catastrophe écologique car cela entraînerait une régression des surfaces en prairie et par conséquent une perte de biodiversité floristique et faunistique. Enfin, il ne faut pas oublier que l’élevage génère en France 312 000 emplois (ETP) directs et 391 000 emplois (ETP) indirects.Jean-Louis Peyraud, Directeur scientifique adjoint à l’agriculture à l’Inra


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