Européennes : Les programmes agricoles décryptés

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Sur de nombreux sujets, gauche et droite françaises poussent dans une même direction, en particulier en faveur d’un budget fort pour la Pac.

Prenons les choses dans l’ordre, en commençant par le budget de la Pac. Face au coup de rabot proposé par Bruxelles, les principales listes appellent toutes à la défense de cette enveloppe, dont la France est le premier bénéficiaire. La liste Renaissance (LREM) veut « défendre le budget agricole », la France insoumise « refuse les coupes aveugles dans la Pac », la liste des Républicains (LR) « s’oppose à la baisse prévue », tout comme le Rassemblement national (RN) et Debout la France (DLF). Pour le Parti socialiste (PS), allié à Place publique, c’est même le « premier combat » à mener. Bref, c’est un front commun.

L’écologie, bien présente dans les programmes

L’unanimité ne s’arrête pas là, mais presque. Dès que l’on aborde l’orientation générale de la réforme de la Pac en cours, des divisions se font sentir. Seule la liste LR se revendique franchement dans la continuité de la réforme en cours de la Pac.

De son côté, la liste Renaissance aux élections européennes veut « rouvrir » les discussions sur les plans stratégiques nationaux dans la future Pac, l’un des trois rapports adoptés par la commission agricole le 2 avril, et principal volet de la réforme de la Pac. À gauche, le Parti socialiste ne souhaite pas revenir sur le travail de la Comagri, même s’il avait voté contre le rapport sur les plans stratégiques. Mais le PS souhaite une Pac plus « respectueuse de la qualité de l’aliment, de l’eau, de l’air, des sols ».

Plus à gauche, les partis veulent réorienter la Pac dans la même direction que LREM et le PS, même si les termes et les ambitions varient : la Pac est jugée trop orientée vers « la productivité et la compétitivité » pour LFI. Dans la même veine, EELV veut orienter le budget de la Pac vers « une agriculture paysanne et biologique », utiliser « cet incroyable budget pour protéger la biodiversité, fournir un revenu décent à nos paysans et promouvoir une alimentation saine et des terroirs vivants », indique Yannick Jadot, la tête de liste.
Le RN plaide pour « instaurer une politique agricole française », qui doit « se substituer à la Pac ». « Nous voulons que les États définissent leur propre stratégie de politique agricole et la mettent en œuvre avec l’argent de la Pac », précise Hervé Juvin, référent agricole pour la liste du parti. Moins dure sur cette ligne, Debout la France menace de « rétablir une politique agricole nationale », si ces demandes (« préférence communautaire, prix garantis, quotas de production ») ne sont pas « entendues ». En somme, les deux partis fixent l’horizon d’une renationalisation radicale de la Pac, qui les oppose à la plupart des principaux partis.

Divergence autour des phytosanitaires

Le mot « pesticides » n’apparaît pas dans le programme LR : « Quand on souhaite atteindre la souveraineté alimentaire, il faut soigner les plantes », résume Angélique Delahaye. De son côté, LREM propose à l’Europe de « sortir du glyphosate d’ici 2021 », et de « diviser par deux les pesticides d’ici 2025 ». Le PS se dit favorable à l’interdiction du glyphosate (sans préciser de date), des néonicotinoïdes et des perturbateurs endocriniens. L’objectif « à moyen terme » est d’en finir avec les pesticides, défend Éric Andrieu. De son côté, EELV a pour objectif la « sortie des produits phytosanitaires dans les quinze prochaines années », et immédiate pour le glyphosate.

Le contrôle sanitaire divise

Si la plupart des partis s’accordent sur le besoin de renforcer l’évaluation des risques sanitaires par l’Efsa, LR et LREM divergent sur l’opportunité d’alléger les contrôles pour le premier ou de les accentuer pour le second, et notamment de créer une «DGCCRF européenne».


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