Les représentants des principales listes aux prochaines élections européennes ont présenté leur programme agricole, jeudi 18 avril à Paris.
Alors que la liste LREM-Renaissance doit présenter son programme définitif dans les jours qui viennent, l’ancien président de Jeunes Agriculteurs Jérémy Decerle a évoqué ses ambitions devant les journalistes de la presse agricole et rurale.
« Réorienter les soutiens vers l’activité humaine »
Pour lui c’est clair, la prochaine Pac devra « faire de l’agriculture un objectif stratégique ». Jérémy Decerle propose pour cela de « réorienter les soutiens à l’hectare vers une activité humaine ». La liste LREM propose donc des aides à l’actif mais « sans plafond ». En revanche, il n’exclut pas de « demander un minimum de compétences pour percevoir des aides publiques ». Sur les questions d’écologie, Jérémy Decerle n’a pas abandonné sa rhétorique de JA, appelant à « être pragmatique ». « Là où devront être redirigées les aides, c’est vers le développement des filières, pour dégager de la valeur ajoutée ». La prochaine Pac devra « donner du revenu et de la sérénité aux paysans », prône-t-il.
« Il n’y aura plus d’aides spécifiques à la bio »
Benoît Biteau, agriculteur bio en Charente-Maritime, est quant à lui candidat sur la liste Europe écologie les verts. La Pac que prône sa liste s’annonce particulièrement volontariste, « en replaçant l’agriculture dans un débat de société ». Il s’agit donc de prendre en compte « les équilibres territoriaux, la problématique de l’eau, la biodiversité, le climat et la santé », égrène-t-il. Finies les aides à l’hectare, place aux aides liées à l’unité de main-d’œuvre. « La Pac peut être aussi une vraie politique de l’emploi », appuie-t-il. Pour lui, la prochaine Pac devra affirmer des choix clairs. Il propose de « conditionner toutes les aides dès le 1er pilier », ciblées vers les modèles les plus vertueux. « On n’aura plus besoin de proposer des aides spécifiques à la bio, puisque la refonte des aides favorise de facto ces types de systèmes qui préservent l’eau, la biodiversité et le climat ». « Ce que l’on propose n’est pas parfait, poursuit-il, mais cela pose les bases d’un autre développement agricole ».
Antoine Humeau
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Retrouvez ci-dessous, en vidéo (©AFJA-SNPAR), les différentes interventions, par ordre de passage :
- La République en Marche, Renaissance – Jérémy DECERLE
- La France Insoumise – Laurence LYONNAIS
- Le Rassemblement National – Hervé JUVI
- Europe Écologie Les Verts – Benoît BITEAU
- Union des Démocrates et Indépendants, Les Européens – Olivier MEVEL
- Parti Socialiste, Place publique – Eric ANDRIEU
- Les Républicains – Anne SANDER
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Sanctuariser le budget de la Pac
Il n’y a pas de stratégie européenne. L’Europe, c’est l’idiot du village mondial, les stratégies se font au niveau des États nations. Et pourtant, il faut sanctuariser le budget de la Pac. Je refuse que l’agriculteur soit le prolétaire des chimistes, je prône une nourriture de qualité à prix abordable pour tous les Français, et je trouve que l’intelligence artificielle et la smartfood ne sont pas les choses les plus intéressantes. Je veux sanctuariser nos appellations d’origine. Mais nous ne sommes pas assez conscients que l’agriculture la plus conventionnelle en France est un bonheur par rapport à tout ce qui fait ailleurs… On n’a malheureusement pas fait tout ce que l’on pouvait pour défendre l’agriculture française. Hervé Juvin, Rassemblement national
Une Politique agricole vraiment commune
L’agriculture est une vision politique et doit se défendre autour de trois priorités : souveraineté alimentaire, sécurité alimentaire, économie agricole. Elle doit rester commune. Il ne faut pas 27 modèles différents avec des distorsions exacerbées. La Pac doit rémunérer pour des services particuliers rendus dans les territoires, mais le verdissement doit se faire avec les agriculteurs et pas contre eux, il faut raisonner en termes d’incitations plutôt que de sanctions. Je prône aussi une simplification de la Pac. Enfin, LR défend une stricte réciprocité dans les échanges internationaux avec des droits de douane pour les produits ne respectant pas nos standards de production. Anne Sander, Les Républicains
Légiférer sur les structures de marché
Toutes les agricultures doivent trouver leur place, parce qu’il en faut pour tous les prix. Nous refusons la baisse de 5 % du budget de la Pac et prônons un maintien absolu d’une politique de soutien par le paiement des ICHN. Je veux soutenir les évolutions de la Pac, mais sans transgression : les principes des aides directes doivent être maintenus et améliorés. Il faudra aussi légiférer au niveau européen sur les structures de marché rentières dans les filières alimentaires ainsi que sur les pratiques commerciales des centrales d’achat dans la grande distribution. Et lutter contre les distorsions de concurrence intra-européennes, tout en relégitimant la Pac aux yeux des citoyens. Olivier Mével, Liste centriste UDI
Créer un outil de régulation et gestion de crise
Mon premier combat pour la Pac, c’est le budget. Pas question d’accepter la réduction de 5 % proposée par la commission, cette réforme administrative, qui n’a rien de nouveau et ne répond pas du tout aux véritables enjeux. L’autre combat concerne la création d’un régulateur sectoriel. Cet outil de crise vise à créer un cadre de prévention et de gestion des crises agricoles, pour répondre à la volatilité des prix. Objectif final : permettre aux agriculteurs d’avoir des revenus plus stables et plus équitables. Je veux aussi sortir l’agriculture des accords de libre-échange, c’est un enjeu civilisationnel de l’agriculture européenne. Éric Andrieu, PS - Place publique
Des aides plafonnées à 100 hectares
Nous souhaitons réconcilier l’agriculture et la société en changeant cette Pac, avec un bilan que nous jugeons catastrophique. La Pac peut être la solution pour l’emploi, pour la vie dans les territoires et pour la résilience vis-à-vis du changement climatique. Cela passe par une réorientation des soutiens. La prochaine Pac devra ainsi permettre d’encadrer les volumes, soutenir l’emploi et la formation. Les aides seront distribuées d’abord aux actifs agricoles et plafonnées à 100 ha. Si nous avons des vegans sur notre liste, nous n’avons pas une position abolitionniste ou antispéciste. On intègre cette préoccupation sociétale, il est possible de proposer des repas sans viande à la cantine. Laurence Lyonnais, La France insoumise