La mémoire des paysans dans un musée

 - Illustration La mémoire des paysans dans un musée
Dans un coin du hangar, on retrouve la reproduction de l’intérieur d’une maison paysanne de 1940.
Jean Le Madec avait certainement peur de s’ennuyer à l’heure de prendre sa retraite d’agriculteur. Il a alors créé un musée et fabriqué des automates pour mettre en mouvement les outils utilisés sur les exploitations agricoles du début de sa carrière.

Il existe, en Centre-Bretagne, un endroit atypique qui vaut le détour lorsque l’on souhaite faire un retour dans le passé ou faire découvrir l’ancien temps aux jeunes générations. En partant de Carhaix (29), il faut faire 10 km dans les petites routes de campagne pour rejoindre la commune de Plévin. Arrivé dans le bourg, il suffit de suivre les panneaux en bois indiquant un musée. Vous arrivez alors dans une ancienne cour de ferme et Jean Le Madec, un agriculteur à la retraite de 88 ans, se charge de vous y accueillir. Son musée a pris place dans l’ancienne stabulation des 6O vaches laitières que comptait l’exploitation.

[caption id= »attachment_40773″ align= »aligncenter » width= »720″] Jean et Jeanine Le Madec ont fondé le musée des automates à Plévin (22) dans l’ancienne stabulation des vaches laitières.[/caption]

2 343 pièces composent le musée

Jeanine, la femme de Jean, ne tarde pas à sortir de la maison située juste à côté de la stabulation transformée en musée des automates. « Lorsque l’on avait encore notre ferme, Jean était toujours à bricoler et il ne me disait pas tout le temps ce qu’il faisait. Il avait commencé à fabriquer les premiers automates alors qu’on avait encore nos vaches. Lorsque nous avons arrêté la ferme et vendu le matériel, il a commencé son musée ; il y passait tout son temps. Je devais même aller le chercher le soir pour qu’il s’arrête et vienne manger », se rappelle Jeanine.

Aujourd’hui, le musée totalise 2 343 pièces de toutes sortes : « Je les ai comptées », affirme Jean. Les principaux outils anciens sont animés par des personnages qui ont tous fait partie de la vie de Jean et Jeanine. « Ce sont des personnes de notre village qui totalisait plus 200 habitants à l’époque. Aujourd’hui, nous sommes une vingtaine. » La première machine que Jean a mis en mouvement est le broyeur d’ajonc appelé aussi hache-paille. C’est Yves qui fait tourner la machine et Soiz qui approvisionne en ajonc. Tout ce mécanisme fonctionne grâce à des petits moteurs électriques récupérés sur d’anciennes machines à laver. « Les chevaux mangeaient l’ajonc broyé pendant l’hiver. Pendant des années, j’ai été accouveur et je me servais aussi de ce broyeur pour hacher finement la paille que je mettais au fond des boîtes de poussins avant de les livrer chez les éleveurs », raconte Jean Le Madec.

Eugénie actionne le trieur à céréales

À l’endroit où les 60 laitières venaient se faire traire, Jean a créé une vache frissonne en plastique nommée Marguerite, en référence au film « La vache et le prisonnier ». Après la traite, on peut voir Victorine passer le lait dans l’écrémeuse. Juste à côté, Valentine récupère la crème pour l’agiter dans la baratte afin d’en faire du beurre.

Après une matinée passée au travail, les membres de la famille se retrouvent pour le repas du midi fait d’une bouillie d’avoine préparée par la grand-mère Jeanne. « On mettait un gros morceau de beurre au milieu dans le chaudron et tout le monde piochait dedans avec sa cuillère en bois. À table, les femmes buvaient du lait ribot et les hommes du cidre », se remémore Jeanine. On voit aussi Eugénie qui actionne le trieur à céréales âgé de 120 ans afin de séparer les bons grains des mauvais avant les semis. Corentin s’active sur le coupe-racines ou broyeur de betteraves qui iront ensuite compléter la ration des laitières. « Michel a perdu une jambe et un bras pendant la Guerre 14-18. Du coup, il se retrouve sur une machine pour corder la laine. À côté de lui, Jacqueline travaille sur la tarare qui sert à nettoyer les grains après le battage des céréales », décrit le créateur du musée. Sa femme se demande encore comment il a fait pour fabriquer tout ça. À 88 et 87 ans, le couple travaille toujours et parle avec passion aux visiteurs de tous ces outils qui ont servi au quotidien à faciliter le travail des agriculteurs.

L’intérieur d’une maison paysanne recréé

Au-delà de toutes ces machines en mouvement activées par des automates, on retrouve dans le musée un grand nombre d’outils ou de matériels qui étaient présents dans les fermes. Jean et Jeanine Le Madec ont aussi recréé l’intérieur d’une maison paysanne des années 1940 avec le lit clos, la table à manger et tous les ustensiles, le lit dans le coin, le foyer de la cheminée… Une vitrine est entièrement consacrée aux costumes bretons qui étaient portés sur le secteur de Carhaix. On y trouve aussi du matériel ancien d’élevage destiné à l’élevage de cochons ou de volailles. Il y a des surprises et des objets connus ou inconnus, chinés, achetés ou donnés au propriétaire que chacun peut découvrir aux 4 coins de ce hangar agricole transformé en musée dédié à la mémoire paysanne.

Pour en savoir plus : Musée des automates, Restelhouet, 22340 Plevin. Ouvert tous les jours (sauf le lundi) de 14 h à 18 h. Renseignements : 02 96 29 66 34.


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