Benoît Bancel, à Crédin, a planté plusieurs variétés dans les mêmes rangs de pommiers, en 2012. L’opération s’avère efficace pour lutter contre la tavelure.
Les vergers sont gourmands en produits phytosanitaires. En 2012, l’Institut français des productions cidricoles (IFPC) a lancé des essais de techniques alternatives de production. 18 parcelles, réparties sur le Grand Ouest, ont fait l’objet d’essais de limitation des traitements herbicides, fongicides et/ou insecticides. Chez Benoît Bancel, c’est la tavelure, principale maladie des pommiers et première cause de traitement qui a été ciblée. 1,5 hectare de verger a été planté, il y a 7 ans, en respectant un schéma de plantation innovant, comportant 3 modalités (0,5 ha chacune).
Deux modalités, en mélange variétal (3 ou 6 variétés mélangées à l’intérieur des rangs) sont comparées à un système témoin sans mélange dans le rang. Certaines de ces variétés productives sont connues pour être sensibles à la maladie provoquée par des champignons, d’autres sont plus résistantes. Sur l’ensemble du verger, la fertilisation, les traitements, l’entretien sont rigoureusement identiques. « C’est seulement l’effet du mélange de variétés qui nous intéressait », précise le producteur.
21 à 56 % de moins de tavelure
Les résultats sont en faveur des mélanges : 21 à 56 % de tavelure en moins sur les fruits, selon les années, entre la partie témoin et les deux autres (mesures effectuées sur la variété Judor, la plus sensible). Aucune différence n’a été notée entre les mélanges de 3 et de 6 variétés dans les rangs. Les rendements sont légèrement supérieurs. « Il semble que les pommiers résistants limitent la propagation de la tavelure dans le rang et protège l’ensemble du verger », explique Anne Guérin, ingénieur à l’IFPC. Le mélange variétal s’avère donc intéressant.
« Il faut quand même que le transformateur (industriel) l’accepte car, de fait, il y a un mélange de fruits de différentes saveurs ou d’acidité », reprend Benoît Bancel. Il faut également que les variétés plantées dans un même rang aient sensiblement la même précocité pour ne pas compliquer la récolte, réalisée en trois fois. À l’avenir, l’IFPC devra travailler sur l’association des variétés pour éviter ces problèmes mais le principe de la diversité dans les vergers semble intéressant au niveau environnemental et facilement reproductible.