Après avoir testé de multiples types de litières, David Labbé, éleveur à Plourivo (22), a fait le choix de bétonner le sol de ses poulaillers. Il est alors passé d’un taux de pododermatites de 80% à moins de 20%.
« Pour la litière de mes poulets lourds, j’étais auparavant en paille broyée sur un sol en terre battue, comme 70 % du parc breton. J’ai testé plusieurs types de litières en rajout par-dessus ma paille broyée : miscanthus, bouchon de paille, miette de paille, copeaux, sciure, mais aucun de ces supports ne m’a permis de maîtriser les pododermatites. J’étais à 80 % de podo et je constatais, au travers du contrat primes/pénalités, que le client final devenait de plus en plus exigeant », déclare David Labbé, installé depuis 2009.
Un investissement de 26 €/m2
[caption id= »attachment_40643″ align= »alignright » width= »219″] David Labbé, aviculteur à Plourivo (22)[/caption]
Pour améliorer ses taux de pododermatites, David Labbé décide de bétonner les sols de ses 2 poulaillers de 1 350 m2, chacun en juin 2017. « J’ai terrassé l’intérieur des poulaillers, mis de l’isolant de 40 mm en périphérie sur 1,20 m, bâché le fond du poulailler avant de couler un béton de type dallage industriel sur une épaisseur de 10 cm avec une monopente à 0,5 %. J’ai aussi installé des fosses pour collecter les eaux de lavage. » L’investissement s’élève à 26 €/m2, l’aviculteur a perçu une aide du groupement Gaévol de 4 €/m2. Il a réalisé l’investissement au meilleur moment car il a profité d’une aide de 10 €/m2 venant de France Agrimer ayant pour objectif l’amélioration de la qualité de l’air et le béton était éligible.
Un gros gain de temps lors du vide sanitaire
Le béton a permis à David Labbé d’abaisser son taux de pododermatites de 80 à 20 %, dont 5 lots qui sont sortis à moins de 5 %. Il a amélioré le sanitaire sur son élevage, avant il luttait contre les ténébrions à chaque lot pour un coût de 1 €/m2/an et aujourd’hui, il n’y a plus de ténébrions dans les poulaillers. « Cet investissement me fait gagner du temps de travail lors des opérations de curage de fumier avec 2 fois moins de volume à enlever, nettoyage/désinfection/mise en place de litière. Auparavant cela me prenait 14 jours et maintenant c’est fait en 7 jours. Dans le même temps, j’ai décidé de sous-traiter le lavage des poulaillers avec une entreprise spécialisée. Le lavage me prenait 3 jours, aujourd’hui ils passent 1 journée pour tout laver à 2 personnes », décrit l’aviculteur. Le béton apporte un confort de travail en général avec un réglage facilité et optimal des lignes de pipettes et des chaînes d’alimentation, ainsi qu’une meilleure ambiance durant le lot.
Un surcoût de litière
Passer en sol béton veut aussi dire changer ses pratiques au niveau de la litière et arrêter la paille. Il faut mettre une fine couche pour que cela respire et pour profiter de la température de la dalle. « Au démarrage, je mets 0,67 kg/m2 de mélange copeaux/sciure. Entre J6 et J21, je rajoute 1,31 kg/m2 de ce mélange. De J22 à J29 je passe à un mélange miettes/bouchons de paille à 1,33 kg/m2. Après le départ des femelles pour l’abattoir, je rajoute 0,16 kg/m2 de sciure pour effacer les traces du télescopique dans la litière. Je passe 27 heures par lot pour repailler manuellement. » David Labbé a un coût de litière de 1 000 € par bâtiment et par lot. Une fois déduites les recettes de la vente de sa paille provenant de ses 14 ha de blé son coût de litière est multiplié par 3 comparé à une litière en paille broyée.
Malgré tout, il ne reviendrait pas en arrière : la paille est une bonne litière mais a le désavantage de garder l’humidité et de ne pas sécher. À l’inverse le copeau sèche très bien et absorbe tout de même l’humidité. L’éleveur a fait une marge moyenne Poussin/Aliment (PA) de 10,53 €/m2/lot sur les 16 derniers lots en terre battue. Les 16 lots réalisés sur sol béton ont dégagé une marge PA moyenne de 12,11 €/m2/lot. « Mes marges PA se sont améliorées, par contre, pour faire un poulet en dessous de 30 % de taux de pododermatites, voire moins de 15 % l’été dans certains cahiers des charges, j’ai vu mes charges augmenter nettement. Il faut chauffer, ventiler plus et rajouter de la litière. Cette augmentation de charges n’est pas assez prise en compte dans nos contrats de production », conclut David Labbé.
Conseils avant de bétonner
- Aller voir des éleveurs qui l’ont fait, se renseigner auprès du groupement et de l’Itavi.
- Prévoir le changement des assiettes d’alimentation, il faut des assiettes à fond plat.
- Bien comparer les prix de béton.
- Installer 8 à 10 regards pour 100 m de longueur
- Penser à la fosse de récupération des eaux de lavage (emplacement, taille…).
- Ne pas oublier que le béton relargue de l’eau et a besoin d’un an pour sécher.
- Faire un bon drainage de sol et des eaux périphériques.
- Penser à préchauffer le bâtiment beaucoup plus tôt avant l’arrivée des poussins.
- Être plus vigilant sur la coccidiose.
- Remplir les joints de dilatation après le 3e lot.
- Faire très attention aux fuites d’eau des pipettes qui dégradent vite la litière.