La mise à l’herbe est d’actualité et c’est l’occasion de faire le point sur quelques règles simples pour maximiser les atouts de la période de pâturage. Le fourrage récolté directement par l’animal permet de dégager les meilleures marges sur les coûts alimentaires.
Pour être performant, il faut se donner pour objectif d’avoir du pâturage de qualité, c’est-à-dire à la fois en termes d’appétence et de valeurs alimentaires. Il est nécessaire également de rechercher une productivité suffisante et surtout un bon étalement de la production tout au long de la saison. C’est essentiel pour la rentabilité de l’élevage que l’on soit en prairie naturelle ou en prairie temporaire.
Bien gérer le déprimage
La première règle à citer est le mode d’exploitation. Le déprimage est un moyen d’action essentiel pour améliorer la prairie. Le principe est de faire passer les animaux dans la parcelle le plus tôt possible, même si l’herbe n’est pas très haute. Les graminées réagissent alors en renouvelant leurs feuilles plus vite. La production est ainsi accrue avec des feuilles de meilleure qualité.
Le déprimage permet à la lumière d’atteindre la base des graminées. Ainsi celles-ci tallent d’avantage, ce qui permet de densifier la couverture végétale. Une bonne densité réduit l’invasion de plantes adventices car elles trouvent plus difficilement leur lieu d’implantation. La densité est un facteur essentiel du rendement. De plus, lors d’un déprimage, un certain nombre de plantes dites concurrentes seront malgré tout pâturées à un stade jeune. Elles ont souvent, dans ce cas, une certaine valeur alimentaire alors qu’adultes, elles seront délaissées, laisseront des refus et deviendront envahissantes.
Organiser le parcellaire
Le découpage des parcelles pour organiser un pâturage tournant est un excellent moyen d’amélioration. Il permet de réduire le piétinement inutile et les refus, de pouvoir récolter les excédents lorsque la pousse a été importante et d’ajuster la fertilisation. Le découpage des parcelles peut aller de 3 ou 4 parcelles jusqu’à une trentaine de parcelles pour obtenir un pâturage appelé dynamique. C’est-à-dire avec un changement de parcelle chaque jour. Technique simple qui ne coûte que le fil de clôture !
Le hersage pour améliorer la qualité
L’entretien des parcelles peut se résumer d’abord à maintenir une surface la plus plane possible. La présence d’ornières ou de « trous » de pieds de vaches, de taupinières, de dégâts de sangliers, favorise une végétation en touffes dont l’appétence et la productivité est diminuée. Il convient alors d’aplanir grâce aux éléments horizontaux de la herse à prairie ou de passer avec un rouleau. Quant aux éléments verticaux de la herse, ils vont permettre de relancer les échanges entre l’air atmosphérique et l’air du sol, d’arracher des plantes à enracinement superficiel qui sont généralement moins intéressantes car sensibles à la sécheresse et à l’arrachement. Les vers de terre vont alors prendre le relais dans un rôle essentiel d’aération du sol et de recyclage de la matière organique. Le passage de la herse en période estivale permet d’étaler les bouses et de réduire les plantes dicotylédones au profit des graminées et légumineuses.
La gestion des refus est un acte important de la gestion optimum des prairies. Il faut s’interroger sur la cause de leur présence : trop de surface offerte par rapport à la capacité de consommation, plantes inappétentes ? Il est nécessaire de les faucher sinon ces plantes vont se reproduire et se propager. Préférer la fauche au broyage car le broyat provoque des odeurs nauséabondes qui aggravent le phénomène de refus. Souvent des refus fauchés sont ensuite consommés par les animaux.
Maîtriser la hauteur du pâturage
La hauteur de pâturage est un facteur important. Il ne faut pas faire pâturer une végétation trop haute, sinon il faudra envisager une fauche de régulation de la pousse. Il ne faut pas non plus que la végétation soit trop rase pour ne pas épuiser les plantes et faciliter l’invasion d’adventices. En cas de manque d’herbe, il est préférable de concentrer les animaux sur une surface réduite que l’on sacrifie et d’affourager afin d’épargner l’essentiel des parcelles du surpâturage.
Gérer la fumure
Le mode d’exploitation conditionne donc pour une part importante la qualité de la flore prairiale et la fertilisation permettra également à l’éleveur d’améliorer cette flore. Cette fertilisation va dépendre de l’activité biologique du sol, des déjections animales et des apports sous forme minérale ou organique. Si les restitutions en phosphore et potasse sont importantes par les déjections, il faut apprécier leur répartition sur la surface qui est rarement homogène, surtout chez les vaches laitières qui restituent beaucoup à l’entrée de la parcelle et beaucoup moins dans le fond de la parcelle. Il est important de rappeler qu’une vache laitière fait un quart des déjections en dehors de la prairie (chemin, aire d’attente). Il faut alors agir en conséquence en répartissant les apports sur la surface en compensant les endroits où il y a moins de déjections. La fertilisation favorise naturellement les bonnes espèces.
L’aménagement parcellaire, chemins, localisation des points d’eau, zones ombragées pour l’été vont finir d’améliorer et d’optimiser le pâturage. On peut donc conclure que le pâturage ne doit pas être une simple cueillette et que de multiples moyens peu onéreux peuvent permettre d’obtenir des flores plus performantes par rapport aux besoins des animaux et aux attentes des éleveurs. Le site www.prairies-gnis.org est une source d’informations qui peut permettre d’affiner la réflexion globale sur l’amélioration et l’optimisation des prairies.
Source Gnis.