Les professionnels de santé ont longtemps fermé les yeux sur le développement des solutions de phytothérapie en élevage. Mais les temps changent. On sent que le microcosme vétérinaire dans son ensemble se questionne et veut reprendre la main. « Définie par la réglementation, la phytothérapie doit passer par une prescription par ordonnance. Or, la seule personne habilitée à établir un diagnostic, c’est le vétérinaire… », rappelle Yassine Mallem enseignant-chercheur à Oniris (École de Nantes). Mais la situation n’est pas si simple puisque « la phytothérapie n’est pas encore reconnue comme une spécialité » dans les écoles vétérinaires. Le professeur se veut encore plus clair : « Quantitativement et qualitativement, l’enseignement en phytothérapie est nul à l’heure actuelle. Les élèves sont diplômés sans savoir ce qu’est une préparation magistrale à base de plantes. Oui, les écoles vétérinaires jouent encore la chaise vide… » Selon lui, il n’y a pas une volonté institutionnelle pour pousser à intégrer le sujet dans les programmes, « considéré comme une discipline mineure, très peu reconnue en France, en Europe et dans le monde ». Alors que les vétérinaires du GIE Zone Verte, par exemple, ont sensibilisé de nombreux éleveurs via le réseau des Chambres d’agriculture ces 20 dernières années, certains praticiens y viennent peu à peu. Une formation pas assez pratique Yassine Mallem considère pourtant que le « besoin » existe pour développer un « complément » à la thérapeutique allopathique. Il rapporte qu’en 2018, dans un document de 300 pages compilant les propositions du Sénat, l’idée de la formation des vétérinaires et de la sensibilisation des éleveurs en matière de phytothérapie était recommandée. « La phyto, ce n’est pas de la pseudo-science. Nous avons du data. Mais maintenant, il faut valider : on a besoin de preuves expérimentales et cliniques pour chaque espèce-cible. Pour pouvoir…
Phytothérapie : La formation vétérinaire à ses balbutiements