Chaque mois, la FAO publie l’état de l’offre et de la demande des denrées alimentaires en vue d’apprécier la situation globale de la sécurité alimentaire dans tous les pays du monde. Et que dit le dernier rapport d’avril 2019 ? Que les prix des produits alimentaires sont globalement stables et que les stocks mondiaux de céréales sont en augmentation. Bref, tout va très bien Madame la marquise… Mais, dans une économie mondialisée, caractérisée par des chaînes d’approvisionnement très complexes et fortement interconnectées, la logistique compte au moins autant que le volume des stocks disponibles.
Exemple avec le yaourt breton qui contient indirectement des composants électroniques asiatiques utilisés pour fabriquer la machine à traire, du pétrole saoudien employé pour fabriquer le pot en plastique, du carton venu de Finlande, etc. Or, la généralisation des approvisionnements à flux tendus, pour économiser des stocks jugés trop coûteux, fait qu’un petit grain de sable dans les rouages est désormais capable de paralyser un pan entier de l’économie. Comme ces 150 camionneurs qui, en bloquant des dépôts de carburant, conduisirent les Britanniques à se ruer dans les magasins pour dévaliser les rayons. En 4 jours le pays était quasi paralysé.
En une semaine, « le pays aurait été plongé dans une crise sociale et économique profonde », analyse Alan McKinnon, professeur de logistique à l’université de logistique à Édimbourg. Les pénuries alimentaires apparaissent d’autant plus rapidement que les États ont totalement délégué l’approvisionnement aux entreprises privées et ne possèdent au mieux que quelques jours de réserves alimentaires, voire quelques semaines pour certaines denrées. Et dire que l’Europe néglige sa Pac et ses agriculteurs…