Le « Cetageekulteurs » fait partie des nouveaux groupes lancés par le Ceta 35 l’an passé. Il travaille sur la transition numérique comme moyen d’améliorer l’efficacité et l’adaptation des exploitations.
Internet, réseaux sociaux, robots, capteurs… les nouvelles technologies occupent une place grandissante sur les exploitations. « Les agriculteurs doivent être acteurs et les accompagner. Notre groupe “Cetageekulteurs” a pour objectif de répertorier les outils existants, de déterminer leur pertinence et le retour sur investissement et de garder l’autonomie de décision par rapport à ces nouveaux “intrants” », indique Henri de Kerdanet, co-président de la Commission « Innovations technologiques » du Ceta 35.
Vendre ses céréales au bon moment
« Avec le papier, on n’arrivait plus à faire face. Au départ, nous avons décidé d’aller vers plus de numérique pour gagner du temps. Nous sommes équipés d’un logiciel de gestion des parcelles, d’une station météo connectée et d’outils d’aide à la décision. Je saisis en direct les apports d’engrais, les traitements réalisés sur les parcelles », explique Jean-Michel Massue, associé du Gaec de la Ruelle qui accueillait l’assemblée générale du Ceta 35 le 24 mai. « Lors du Sima à Paris, j’ai également découvert l’application Perfarmer qui permet de vendre mes céréales au bon moment. » Les agriculteurs définissent leur stratégie de commercialisation (besoins de trésorerie, gestion du stockage, profil de risque…) et reçoivent automatiquement des alertes dès que leur objectif de prix de vente est atteint.
Pas de double saisie
Delphine Aubrée a fait le choix d’un robot sur son exploitation pour être autonome avec ses données. « Nous avons un outil de gestion centralisée du troupeau en lien avec le robot et avons mis en place des passerelles avec les systèmes d’information Vet’élevage, Edel et d’Evolution. Nous n’avons pas de double saisie », apprécie l’éleveuse. Fabrice Macé utilise l’application WhatsApp pour faciliter la communication avec sa femme installée avec lui sur la ferme et dans son groupe Ceta. « On peut envoyer des messages, des vidéos, demander leur avis aux autres membres du groupe. » Avec sa femme, il partage aussi un calendrier, « ça facilite l’organisation. » Cyrille Herbert réalise, quant à lui, des tableurs « maison » sur Excel. « Mes rations s’adaptent facilement en fonction du pâturage et du nombre d’animaux », précise-t-il.
« Ne pas laisser les gens parler à notre place »
[caption id= »attachment_41061″ align= »alignright » width= »206″] Antoine Thibault alias Agriskippy[/caption]
Le numérique est aussi un moyen de communication en direct vers le grand public. Antoine Thibault, éleveur à Cintray en Normandie (60 VL, 1 salariée), s’est lancé sous le pseudonyme Agriskippy en 2016 « pour ne pas laisser les gens parler à la place des agriculteurs. Les animalistes avaient de plus en plus d’influence… » Sa première vidéo sur le bien-être animal a été très relayée, plusieurs médias en ont parlé, sont venus sur l’exploitation… « On ne peut pas faire mentir nos animaux. La sincérité paie », souligne l’éleveur, bien dans ses bottes. « J’ai eu des abonnés et j’ai continué. C’est divertissant, même si ça me prend beaucoup de temps, environ 2 hectares par jour. » Agriskippy est présent sur YouTube et Twitter. « Cette démarche me permet d’être moins isolé sur ma ferme, de faire des connaissances, d’échanger avec beaucoup de monde… », explique l’agriculteur. « Cela me pousse aussi à aller de l’avant, à évoluer. » Il entretient des rapports cordiaux avec certains membres de l’association L 214. « Je les ai à l’œil et leur réponds avec mes vidéos qui expliquent comment ça se passe chez moi. » Agriskippy conseille aux agriculteurs attirés par ce type de communication de ne pas hésiter. « Des gens me disent que je respecte mes animaux, mais que ce n’est pas le cas chez les autres. Il faut leur montrer le contraire… »