Le conseiller en traite robotisée Paul Lacombe parle de l’intérêt de scinder son troupeau en groupes et de la manière de les administrer pour optimiser les performances des animaux.
« Stress hiérarchique, croissance pas terminée… Dans une étable robotisée avec un taux d’occupation de 100 %, les primipares n’expriment pas pleinement leur potentiel », a expliqué Paul Lacombe, de la société FDS, lors d’un Club Robot Trikalia. « Alors que la conduite par lots peut favoriser la meilleure expression des animaux », estime le conseiller.
Pour lui, l’idéal serait un effectif permettant d’associer un groupe de vaches à deux stalles automatisées. Mais même avec un seul robot, il est imaginable de faire deux lots. Un principal, plus important, et un autre de vaches à surveiller, conduit dans un espace équipé d’une quinzaine de logettes derrière l’automate par exemple. « Après deux ou trois jours sur aire paillée suite au vêlage, l’animal peut être gardé un moment en observation avant de rejoindre le gros du troupeau », rapporte le spécialiste.
Préserver les primipares
Dans la pratique, la réflexion sur l’allotement se pose souvent à partir de 120 vaches. « On peut par exemple s’orienter sur deux groupes bien distincts, un par robot. D’un côté les primipares et les multipares les plus fragiles, de l’autre le reste du troupeau. » Avantages ? Cette stratégie favorise l’expression des animaux dominés : « Globalement, il y a un effet comportemental bénéfique en faveur de l’ingestion et de la fréquentation. Comme il n’y a pas de changement de lot durant la lactation, il y a moins de stress social. La ration peut être adaptée en conséquence avec une nutrition énergétique revalorisée pour favoriser la fin de croissance des primipares. » L’étude d’Allbright en 2001 a ainsi constaté une augmentation de 11,4 % du temps d’ingestion, de 8,5 % du nombre de repas, de 8,8 % du temps passé couché et une augmentation d’1,6 kg de lait quotidien sur les 130 premiers jours de lactation. Les limites de cette approche sont liées à l’effectif global et au taux de renouvellement qui peuvent être insuffisants pour se lancer. « Sans oublier qu’en début de 2e lactation, l’animal change de groupe et doit alors trouver des repères dans une nouvelle hiérarchie. »
Changement de groupe stressant
Quand on décide d’alloter les animaux par stade, deux rations différentes sont alors distribuées et un changement de groupe intervient en début de lactation. Les fraîches vêlées bénéficient d’un régime plus riche en énergie et protéine. Mais attention, le changement de groupe qui intervient par exemple vers 120 jours quand l’animal est confirmé gestant est très stressant et présente un fort risque de décrochage en production. « Naturellement, une vache gestante à ration constante produit moins de lait. Si en plus, on lui change sa ration, on pénalise encore davantage sa persistance… Les plans de complémentation des logiciels accompagnent l’animal à la baisse. » Sans oublier que les animaux en démarrage étant ensemble, les vaches du second lot sont moins stimulées à circuler. Les primipares, mélangées avec les autres, sont soumises à compétition, d’autant plus si le bâtiment est saturé. « À l’étranger, cette stratégie ne se fait plus beaucoup car on estime qu’elle casse les lactations. »
Enfin, dernière option, diviser le troupeau en groupes d’animaux homogènes qui restent ensemble toute la lactation. « Cette stabilité limite le stress social et permet la mise en place rapide d’une hiérarchie. La ration unique, à même concentration pour tout le monde, évite les décrochages en lait durant la lactation. Tout cela joue en faveur de la persistance laitière. » L’inconvénient de cette stratégie concerne avant tout les primipares surtout en cas de vêlage précoce, les fragiles ou dominées, toutes soumises à une forte hiérarchie.