« L’enjeu de l’agriculture n’est plus seulement de nourrir les hommes »

 - Illustration « L’enjeu de l’agriculture n’est plus seulement de nourrir les hommes »
Bernard Chevassus au Louis, devant les élus de la Chambre régionale d'agriculture.
La société a de nouvelles valeurs auxquelles le monde agricole va devoir répondre, par l’innovation et en négociant la valeur de nouveaux services.

L’augmentation des bioagresseurs et des évènements climatiques extrêmes, la diminution imposée de l’irrigation, du recours à la chimie ou encore la volatilité des prix sont autant de défis environnementaux, économiques et sociétaux auxquels les agriculteurs devront faire face dans les prochaines années. Pour Bernard Chevassus au Louis, président de l’association Humanité et Biodiversité, ancien directeur de l’Inra, il faudra développer une agronomie de service « négociée par des organisations collectives, avec des non-agriculteurs », repenser les enjeux non alimentaires comme l’énergie ou la biodiversité. « Dans nos pays, l’enjeu de l’agriculture n’est plus seulement de nourrir les hommes ».

Le système agricole actuel ne peut être appliqué à l’ensemble du monde. « Nous devons montrer que l’on peut produire autrement. » Les jeunes doivent, selon lui, investir dans des modes de production qui répondent aux demandes sociétales, inventer une alternative crédible, pas forcément bio. « Un jeune qui se lance sans tenir compte des tendances lourdes aura du souci à se faire. » À ceux qui lui rétorquent que cette évolution a un coût, il répond : « La transition est une aventure qui doit être accompagnée par les pouvoirs publics. »

Techno-septicisme

Pour réussir les transitions, il n’y a pas une solution mais un ensemble de solutions qu’il faut combiner. Il met en garde contre les technologies. « On aura besoin de chimie, de génétique, de robotique mais il faut toujours se demander à quoi elles servent. La technologie pour la technologie n’a pas d’intérêt. » Les agriculteurs devront revendiquer un rôle actif dans l’évaluation de ces nouvelles techniques. Ceux qui utilisent des OGM, des pesticides de synthèse ou des produits de biocontrôle « devront avoir de bonnes raisons de le faire, devront savoir expliquer pourquoi ils le font. » Le citoyen consommateur devra, en parallèle, assumer ses demandes de qualité (alimentaire, énergétique, environnementale) en acceptant de payer un peu plus cher…


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