En juin, à Mûr-de-Bretagne (22), les techniciens de Triskalia ont pu visiter la plateforme fourragère de la coopérative et échanger sur la culture de l’herbe, graminées comme légumineuses.
Ce bout de champ en Centre- Bretagne, c’est 72 micro-parcelles, pour trois heures et demie de visite, et six ateliers diversifiés permettant d’échanger et de préciser ses connaissances. Les semis d’automne ont été réalisés en septembre 2018, et ceux de printemps en mars 2019. La majorité des espèces de graminées utilisées en Bretagne a été implantée : les RGA, RGI, RGH, festulolium, fétuques élevée et des prés, dactyle, brome ou encore de la fléole. Les légumineuses n’ont pas été oubliées, avec la luzerne, les trèfles blancs, violets, incarnats, squarrosum ou vésiculés. Du plantain et de la chicorée ont également été semés.
72 micro-parcelles et 6 ateliers
Les 12, 13 et 19 juin, la plateforme a accueilli les équipes techniques (environnement, végétal et ruminant, conventionnel et bio), le temps d’une demi-journée de visite et d’échange. Au programme également, 6 ateliers d’une demi-heure : les plantes de pâture, les plantes de fauche, les dérobées, la luzerne et la conservation des fourrages, la fertilisation des prairies, ainsi qu’un atelier Défilait sur le lien avec la ration de la vache.
Malgré une météo incertaine, la pluie a épargné ces journées et chacun a pu se pencher sur les 72 micro-parcelles. Chacune des modalités a été fauchée à trois dates différentes : à deux, quatre et six semaines. Les techniciens ont ainsi pu visualiser les différents temps de repousse, les dates d’épiaison ou de bourgeonnement des différentes espèces ou variétés.
[caption id= »attachment_41491″ align= »aligncenter » width= »720″] Plusieurs thématiques ont été abordées dans les six ateliers : les espèces et variétés, les dérobées, la fertilisation, la conservation des fourrages ainsi que leur lien à la ration.[/caption]
L’atelier sur la luzerne présentait plusieurs modalités de semis ou de fauche : à la volée ou en ligne, fauchée à 4 cm ou 8 cm. Ces modalités ont permis de souligner, par exemple, l’importance du respect de la hauteur de fauche : 7 cm minimum. Les animateurs ont insisté sur les caractéristiques de l’espèce, ainsi que sur les points clés de son implantation (pH supérieur à 6,3-6,5, date de semis précoce à l’automne), la conduite d’exploitation (notamment la fertilisation phospho-potassique) et l’importance de la structure du sol.
La conservation des fourrages a aussi été abordée, notamment la grande hétérogénéité des potentiels de conservation entre les différentes espèces de prairie. La quantité de sucre présente dans le fourrage est déterminante sur sa capacité d’acidification : on ne conduit donc pas de la même façon un RGI qu’une luzerne, très pauvre en sucre. L’ajout d’un conservateur est donc primordial et même nécessaire au bon stockage de la luzerne, le but étant bien de préserver la qualité initiale du produit pour agir efficacement sur le coût alimentaire de la ration finale.
La plateforme a également permis d’expliquer les différences physiologiques des espèces et variétés de plantes de fauche et de pâture, ainsi que leurs points forts et faibles. Les animateurs ont aussi abordé leur conduite agronomique, notamment pour celles cultivées en Bretagne (le dactyle et sa repousse rapide qui impacte négativement son appétence, la fléole et ses besoins nutritionnels importants…). L’objectif était bien de préciser la place de chacune des espèces ainsi que leurs intérêts et limites dans le système.
Un autre atelier à permis d’aborder de la même manière les points spécifiques des dérobées. Les animateurs ont aussi rappelé l’importance du choix des espèces, de la variété comme de la conduite d’exploitation, en fonction du débouché que l’on veut attribuer à la culture : récolte quantitative ou qualitative, fourrages conservés ou pas, à destination d’animaux à forts ou faibles besoins alimentaires (génisses, troupeaux laitiers ou allaitants par exemple).
[caption id= »attachment_41492″ align= »aligncenter » width= »720″] Les caractéristiques des espèces de fauche et de pâture, ainsi que leurs conduites agronomiques, parfois spécifiques, ont été présentées.[/caption]
Bien gérer la fertilisation
La conduite des prairies passe aussi par la fertilisation. Un atelier a permis de souligner l’importance des analyses de terre pour piloter la fertilité du sol, notamment via des apports d’amendements calco-magnésiens. Les micro-parcelles de démonstration ont mis en évidence l’intérêt de maintenir en proportion les légumineuses dans les prairies, pour produire du fourrage de qualité, avec de bons rendements. Des techniques comme le fractionnement de la fertilisation azotée et le déprimage permettent de maintenir un bon équilibre graminées/légumineuses. Cependant, nous avons démontré que les légumineuses ne peuvent subvenir à l’intégralité des besoins en azote de la prairie.
L’atelier sur le lien à la ration a été présenté conjointement par les animateurs spécialisés en agronomie et en nutrition bovine. Ils ont échangé sur le lien entre le végétal et l’animal au sein des exploitations, notamment sur la grande hétérogénéité de la qualité nutritive de l’herbe : que ça soit en vert ou en fermenté, avec différents potentiels selon les pratiques. Le point à retenir de cet atelier est l’importance d’apporter des fourrages de qualité et de s’en donner les moyens. Le concept Défilait a été le support de ces échanges. Les adhérents de Triskalia ont la possibilité de demander à leur technicien un diagnostic Défilait de leur système fourrager, afin de repérer les points à améliorer ou à développer.
Maïwen Abgrall / Triskalia