Pendant tout l’hiver, les larves de pyrales se sont cachées dans les cannes de maïs. Elles s’apprêtent, à présent, à sortir de diapause pour se nymphoser en papillons, ravageurs des maïs. Quels sont les risques réels pour cette année et comment lutter ?
Depuis maintenant 5 à 7 ans selon les zones, ce lépidoptère attaque les maïs bretons et avec des intensités de plus en plus fortes.
Un cycle de 1 an
Après être resté 10 mois au stade larvaire, le papillon de la pyrale apparaît entre mi-juin et début juillet, selon les sommes de températures accumulées depuis le 1er janvier. Cette année, le déficit thermique nous indique que les vols de pyrales seront légèrement plus tardifs que l’an dernier. Les papillons, nocturnes, pondent des œufs sur la face inférieure des feuilles, œufs qui éclosent sous une dizaine de jours. Les jeunes larves vont alors chercher à se nourrir de la moelle des tiges. Elles perforent donc la plante pour y parvenir.
Dégâts directs et indirects
Les perforations d’entrée fragilisent les tiges qui deviennent alors plus sensibles à la verse : c’est la conséquence la plus visible des attaques. En dévorant l’intérieur de la tige, l’alimentation du maïs est également amoindrie et entraîne des pertes de rendement non négligeables. Enfin, la conséquence la moins visible est le développement de champignons de type fusarium, qui engendrent souvent des mycotoxines. Ces toxines peuvent avoir des conséquences financières très importantes, tant en élevage laitier qu’en élevage porcin, principalement liées aux troubles sur la reproduction des animaux.
Prévention agronomique
Le broyage fin des cannes de maïs suite à la récolte à l’automne est très efficace pour prévenir la pyrale, s’il est bien réalisé. En effet, il permet de limiter la population (destruction des larves présentes dans les tiges) et également de limiter leur habitat pour l’hiver. Les broyeurs de canne sous les cueilleurs de moissonneuse ne sont quasiment pas efficaces. Il faut réaliser un passage spécifique. À l’inverse, ne pas mettre en œuvre cette technique contribue à l’augmentation de la population.
[caption id= »attachment_41238″ align= »aligncenter » width= »488″] Dégâts sur épis.[/caption]
Différentes luttes
Il est possible de lutter contre ce ravageur par la lutte biologique, qui consiste à déposer des trichogrammes, par drone ou manuellement, dans les parcelles. Ces insectes prédateurs des larves de pyrales vont pondre eux aussi des larves oophages, qui se développeront à l’intérieur des œufs de pyrale. Ils doivent être positionnés dans les parcelles, au plus près du début des pontes pour une efficacité optimale.
La lutte chimique est également possible en utilisant des produits homologués, idéalement larvicides et/ou ovo-larvicides. Leurs positionnements sont tout aussi délicats, car appliqués trop tôt, ils ne permettent pas de protéger les parcelles des différentes pontes et trop tard, ils n’ont plus d’action sur les larves ayant pénétré à l’intérieur des tiges.
Moment de lutte précis
Quel que soit le moyen de lutte utilisé, le positionnement de celui ci doit se faire au bon moment, ni trop tôt ni trop tard. L’objectif est bien de réduire le nombre de larves. Il faut donc appliquer la protection dès les premiers vols. Pour estimer au mieux ces vols, des OAD (Outil d’aide à la décision) et pièges lumineux sont positionnés partout en Bretagne. Les larves de pyrale, aussi petites soient-elles, doivent être considérées dès à présent comme un ravageur majeur de la culture du maïs. Les pratiques agronomiques, associées à la lutte en végétation, doivent permettre de les contenir et ainsi préserver la quantité et la qualité des maïs pour les élevages.
Pierre Cougard / Triskalia