De l’avoine et du triticale, semés en simultané avec le maïs dans l’interrang, sont testés comme appâts pour les taupins.
Arvalis a testé pour la 1re fois cette technique il y 3 ans qui a montré des résultats encourageants. Corteva a repris cette idée et a mené des essais l’année passée avec des semis de plantes-appât en plein. Cette année, c’est le semis en ligne qui est testé sur une de leur quatre plates-formes qui se situe à Sérent (56), sur une parcelle de Gildas David, en agriculture biologique.
Un semoir spécialement conçu
La parcelle a été labourée et préparée pour un semis de maïs à une densité de 98 000 graines/ha, au 29 avril. « En simultané, nous avons mis l’avoine ou le triticale dans le bac fertiliseur du semoir monograine Monosem 4 rangs. Nous avons décalé le disque enfouisseur à 7 cm de la raie du semis, pour que la plante-leurre tombe dans l’interrang », précise l’agriculteur. Deux essais ont été menés à deux densités différentes : 50 et 100 kg/ha, avec 3 modalités de profondeur : 5, 8 et 11 cm. À cela s’ajoute une modalité avec du Succes GR et l’ajout de X5, activateur de croissance racinaire. « Du triticale semé à 100 kg/ha associé à ces deux autres leviers a prouvé son efficacité l’année dernière, réduisant de 60 % à 20 % les attaques sur le maïs », ajoute Corteva. L’objectif est de vérifier l’appétence de la plante-appât au niveau des taupins, le temps de la diffusion de la molécule d’origine bactérienne dans le sol (Succes GR) et d’étudier l’incidence de la profondeur du semis de cette plante-leurre. Mais aussi de trouver le moyen efficace de détruire la graminée avec un désherbage mécanique, d’où l’essai à une moindre densité de semis (50 kg/ha de graminée).
Il en ressort que l’avoine s’est développée plus vite que le triticale. « Il était à 4-5 cm avant que le maïs ne lève », relève Gildas David. Et ce, quelle que soit la profondeur ou la densité du semis. Un atout pour le choix de cette espèce : quand elle s’installe vite, elle développe rapidement ses racines qui, en dégageant du C02, attirent les larves de taupins. « L’absence de rappuyage au semis explique peut-être le retard pour le triticale », analyse l’agriculteur. Actuellement, la notation de la parcelle de maïs, avec un précédent prairie depuis 4 ans, a mis en évidence une attaque de 20 % des plants. Reste à voir, dans 10 jours, la seconde notation et l’incidence du désherbage.
[caption id= »attachment_41400″ align= »aligncenter » width= »720″] Essai d’avoine dans l’interrang du maïs. Photos prises après passage de la bineuse.[/caption]
Un désherbage fluide
Une roto-étrille est passée à l’aveugle dans la parcelle 5 jours après le semis. Puis un passage de herse étrille devant la bineuse s’est déroulé le 6 juin. « On a enlevé les doigts Kress, car cela bourrait. Et on a placé les protège-plants. Avec cet équipement, le désherbage était assez fluide », relève l’agriculteur.
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Reste à définir la plante-appât et son mode de semis
Vu que le piégeage de masse des adultes ne réduit pas la pression les années suivantes, avec les solutions qui s’amenuisent face à ce ravageur, « la technique qui se distingue le mieux dans les essais menés depuis plusieurs années reste celle des appâts », précise Éric Masson, lors de la journée Circuit vert d’Arvalis, à Bignan (56), le 14 mai. Des essais sur cette campagne à Moréac (56) montrent que pour une parcelle attaquée à 11 %, si la solution chimique avec du Karaté 0,4 GR permet de limiter l’attaque à 2 % (voir graphique), les plantes-appâts réduisent le risque et varient entre 3 et 9 % d’attaque. Les essais sont menés avec des céréales semées en plein, à détruire chimiquement au stade 2-3 feuilles.
« Reste à affiner l’espèce qui présente la meilleure attractivité pour le taupin, et les modalités de destruction… Il faudra aussi essayer l’incidence d’un semis en interrang qui permettrait sa destruction mécanique. Les solutions de bio-contrôle malgré des résultats corrects sont pour le moment à des prix ne permettant pas leur diffusion sur le terrain. »