Le marché lui fait actuellement la peau. Vendue 70-80 € sortie abattoir il y a quelque temps, une peau de vache se négocie actuellement autour de 20 €. La cause ? Une certaine atonie du commerce du cuir : le marché de l’automobile « intérieur cuir » patine ; les baskets marchent sur le pied des chaussures de ville ; les canapés pleine fleur flétrissent à l’ombre de l’ameublement en tissu. Seule l’industrie du luxe, amatrice de « cuirs sublimes », est bien dans sa peau. Jusqu’au jour où, une star de la mode à « la sensibilité à fleur de peau » s’émouvra peut-être d’entendre, dans chaque sac, un veau qui mugit sa douleur d’une vie arrachée pour un plaisir futile. Ce cauchemardesque scénario rend nerveuse la filière française du cuir dont le chiffre d’affaires est estimé à 25 milliards d’euros.
Aujourd’hui, sous le seul effet du marché de l’offre et de la demande, la baisse de valorisation des cuirs de 50 € pièce se traduit par une moins-value de 15-20 cts/kg de carcasse pour les abatteurs. Un manque à gagner que ces derniers doivent récupérer sur le prix d’achat des bêtes en ferme et sur la vente de la viande. Or, la viande se vend mal. Surtout les morceaux arrière, difficiles à valoriser auprès de consommateurs en manque de pouvoir d’achat. Les promotions actuelles sur les morceaux nobles de bœuf sont le signe que les frigos se chargent. La solution qui consiste à transformer le rond-de-gîte en haché émousse de 2 €/kg les « parties nobles » en termes de valorisation. Quel distributeur acceptera de compenser en augmentant le prix du steak haché ? Quel consommateur acceptera de payer ? Consulter les tendances des marchés du Paysan Breton donne la réponse : celui qui a « la peau dure » paie la facture… jusqu’au jour où il n’aura plus que « la peau et les os ».