Les éleveurs ont l’impression que la société continue de s’éloigner de leur métier. Les intervenants de la table ronde organisée par la FNP ont tenté de leur donner des pistes pour recréer du lien.
Les éleveurs sont en recherche de pistes pour recréer du lien avec la société afin de pouvoir parler de leur métier qui est trop souvent décrié dans les médias nationaux. Les intervenants de la table ronde, qui s’est déroulée le 14 juin à Saint-Quay-Portrieux (22) lors de l’assemblée générale de la Fédération nationale porcine (FNP), ont tenté de répondre : « 9 Français sur 10 ont une très bonne opinion des agriculteurs en tant que personne. Par contre, ils ont une moins bonne image de l’agriculture en tant qu’entité abstraite. Il faut rapidement réhumaniser l’agriculture », estime Éric Birlouez, sociologue de l’agriculture et de l’alimentation.
La truie Luna raconte sa vie sur Facebook
« Il faut faire attention aux arguments que l’on donne lorsque l’on souhaite communiquer. Ce n’est pas nécessaire de parler au grand public de la diminution des indices de consommation. Il vaut mieux mettre en avant l’alimentation spécifique des porcs qui limite les rejets d’azote et de phosphore », conseille Michel Marcon, ingénieur à l’Ifip. Adrien Montefusco, éleveur de porcs dans le Finistère, est venu parler de sa page Facebook « Luna de Keréonnec ». Sur cette page, l’éleveur fait suivre le quotidien de sa cochette nommée Luna depuis sa naissance jusqu’à sa vie de truie.
« J’explique mon métier en mettant en avant Luna, ce qui me permet de ne pas m’exposer personnellement. Je montre tout ce que je fais sur mon élevage, j’explique chacune de mes interventions que ce soit au moment de la vaccination ou les raisons pour lesquelles je castre et je lime les dents des porcelets. J’ai lancé cette page Facebook car je suis fier de mon métier et que je n’ai rien à cacher. » Au départ la page était accessible à tout le monde, mais Adrien Montefusco a dû la restreindre quelque temps car ça s’est enflammé. « Chaque photo est accompagnée d’un texte clair afin de vulgariser nos pratiques. Je réponds aux commentaires si la discussion est cordiale, sinon les gens qui suivent ma page se chargent de répondre. »
Pour Sylvie Thévenon, fondatrice d’une agence de conseil en communication pédagogique et ancienne enseignante, les éleveurs doivent se mobiliser pour aller expliquer leur métier dans les écoles. « J’ai constaté que les enfants étaient toujours captivés par les professionnels qui venaient expliquer leur métier dans ma classe. Les enseignants vont aimer cette démarche car vous allez répondre à un besoin pédagogique. » Carole Joliff, éleveuse de porcs dans les Côtes d’Armor, rebondit : « Nous passons notre temps à expliquer ce que l’on fait de bien dans nos exploitations. Pendant ce temps-là, des profs vegans essayent de faire passer en force leurs idées et ça se déroule même ici dans les collèges ruraux où sont éduqués nos enfants. J’ai le sentiment qu’on ne nous entend pas. »