Bien connaître son sol permet d’adopter une stratégie d’amendement et de fertilisation à la parcelle. Un pilotage efficace et précis donne ainsi la possibilité au sol d’exprimer tout son potentiel.
En fonction de l’exploitation et des espèces cultivées, les objectifs de rendement sont différents d’une parcelle à une autre. Cependant, chacune a ses propres caractéristiques agronomiques. Le potentiel parcellaire va différer en fonction de son historique, de sa composition, de son pH ou encore de ses reliquats azotés. « On constate une grande hétérogénéité entre les parcelles. En Bretagne par exemple, les analyses de terre démontrent que 20 % des sols sont acides avec un pH inférieur à 6 quand 11 % sont considérés comme basiques avec un pH supérieur à 7 », détaille André Yvinec, chargé de développement Grandes cultures Triskalia. « Il faut noter que 30 % des sols sont considérés comme déséquilibrés et que pour 24 % d’entre eux, il est constaté un rapport carbone/ azote trop élevé ».
Chute de rendement
Accidents de cultures, carences en éléments nutritifs, diminution de la vie microbienne et de la minéralisation du sol, sensibilité accrue des cultures aux maladies et attaques de ravageurs : les caractéristiques physico-chimiques et biologiques du sol peuvent avoir des conséquences sur la production. « L’inadéquation d’un amendement avec les caractéristiques d’un sol peut entraîner une perte d’efficacité des engrais », souligne l’agronome. Il faut donc raisonner sa conduite culturale à la parcelle, afin d’adapter le plan de fumure aux spécificités de chaque sol. Pour évaluer le potentiel du sol, l’analyse de terre est fondamentale.
Une analyse tous les 5 ans
Il est d’ailleurs fortement recommandé de réaliser une analyse de terre tous les 5 ans sur une même parcelle. « Il est possible de prélever toute l’année, mais nous recommandons deux périodes plus particulières : avant l’implantation des colzas, des céréales et des fourragères ou après la récolte de maïs », conseille André Yvinec. « Il est également possible de réaliser plusieurs analyses sur une même parcelle, si l’agriculteur y constate un problème plus particulier et localisé ». S’il s’agit d’une analyse de suivi, il est préférable de prélever dans des conditions de températures et d’humidité comparables au précédent prélèvement. Un échantillon représentatif de la parcelle sera idéalement composé de 9 à 10 prélèvements dans un rayon de 30 à 50 mètres autour d’un même point. Le laboratoire s’intéressera alors au pH, aux éléments nutritifs présents dans le sol, à l’équilibre du sol ou encore à la stabilité structurale du sol. « Ce sont des éléments indispensables à connaître pour réaliser une fertilisation de précision et ajuster ses apports d’amendements et d’engrais minéraux ou organiques ».
Fertilisation de précision
« Par exemple, l’efficacité des engrais varie fortement en fonction du pH du sol » (tableau 1). Cependant, d’autres facteurs que le pH sont à prendre en compte dans la stratégie de fertilisation. « Ainsi, le rapport carbone/azote de la parcelle va influencer le choix du type de fertilisants organique à apporter et celui des espèces de couverts végétaux à implanter selon leur teneur en carbone ou azote » (tableau 2). Enfin, la fertilisation n’est pas la seule solution pour nourrir et entretenir son sol. « Il convient de revenir aux fondamentaux de l’agronomie. La réussite d’une culture est très dépendante des conditions climatiques, le démarrage est essentiel. Les rotations, le travail et la couverture du sol, la fertilisation, la gestion des adventices doivent être raisonnées avant toute implantation. »