Bovin : Cap sur la croissance précoce

 - Illustration Bovin : Cap sur la croissance précoce
Débora Santschi, experte en nutrition au Québec.
L’experte québécoise Déborah Santschi insiste sur l’importance de la croissance avant sevrage qui dépend, entre autres, de la prise de colostrum.

Beaucoup d’études montrent le lien entre le GMQ des premiers jours de vie de la petite femelle et ses performances de future vache, a rappelé Débora Santschi en préambule de son intervention lors des rencontres Bov’Idée organisées par Synthèse élevage en juin à Saint-Brieuc (22). « C’est à ce stade jeune que les génisses transforment le mieux les aliments. Il s’agit donc d’en profiter », a insisté l’experte en nutrition venue du Québec. Et de rappeler les résultats d’une étude sur 1 200 femelles datant de 2012 de l’Université américaine de Cornell : « Chaque kilo additionnel de poids vif pris en présevrage permet de gagner 850 kg de lait supplémentaires produit en 1re lactation et autant en 2e lactation. »

Le réfractomètre plébiscité

Une méta-analyse (combinaison de plusieurs études) va dans le même sens : l’amélioration du GMQ de + 100 g / jour sur la période 0 – 2 mois se traduit ensuite par une production laitière supérieure de 155 kg de lait par lactation. Mais comment favoriser cette croissance précoce ? Pour la spécialiste, tout commence dès les premiers repas. « On a longtemps dit que le veau avait besoin de 4 L de colostrum. En réalité, il a besoin de 200 g d’anticorps. Ce n’est pas le volume de lait, mais la quantité d’immunoglobulines qui est critique. » 2 ou 3 L d’un bon colostrum peuvent convenir amplement, alors que 8 à 10 L d’un très mauvais ne suffiront pas et ne pourront être ingérés par le veau.

Connaître la qualité du premier lait est donc essentiel. « Même s’il est jaunâtre, visqueux et que les mouches l’apprécient, ça ne veut pas dire qu’il est bon… » Pour connaître sa valeur, Déborah Santschi conseille le réfractomètre, apprécié par les éleveurs qu’elle suit. « Le pèse-colostrum, trop fragile, reste au placard dans les fermes. Et les Colostroball n’existent pas sur le marché canadien. » Un colostrum de qualité, indispensable pour le premier repas à apporter le plus tôt possible. « Un veau naissant n’a que 3 ou 4 % de gras corporel contre 15 à 17 % pour un bébé. Plus on nourrit le nouveau-né vite, plus on évite qu’il puise dans ses réserves corporelles. D’autant que juste après la naissance, pendant une heure, l’animal est bien réveillé, il faut en profiter »

« La priorité, c’est de mettre des anticorps dans ce petit corps. » Mais faut-il pour autant avoir recours à la sonde œsophagienne souvent plébiscitée par les conseillers ces dernières années pour s’assurer que la prise de colostrum a été suffisante ? « Chez nous au Québec, la pratique la plus courante est le biberon. On se dit que drencher est plus rapide. Mais souvent, pour le petit veau, c’est une mauvaise expérience à vivre… Conséquence, il ne voudra plus boire les repas suivants. Si on fait le bilan sur les premiers jours, pas sûr qu’on ait vraiment gagné du temps grâce à la sonde… »

Une 2e buvée de colostrum dans les 12 heures

Ensuite, la spécialiste conseille une 2e buvée dans les 12 heures suivant la naissance : « Je recommande vivement de distribuer à nouveau du colostrum qui aura été mis de côté ». Ensuite, les jours suivants, « suivez le veau, ne le freinez pas ! » La Québécoise propose de ne pas se limiter à 2 buvées de 2 L de lait par jour : « Donnez plutôt 2 x 3 L pour profiter de cette période de forte capacité de conversion alimentaire. Les trois premières semaines de vie, la génisse ne peut digérer que les protéines laitières. »


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