À l’initiative de la FDSEA, des agriculteurs sont allés à la rencontre des militants du mouvement des Coquelicots « pour défendre l’agriculture française dans sa diversité ».
Chaque premier vendredi du mois, des membres du mouvement des Coquelicots se donnent rendez-vous devant une mairie. Objectif : attirer l’attention du public et des élus en vue de l’interdiction de l’usage des pesticides. Vendredi 5 juillet, ce rassemblement avait lieu à Callac. Les responsables de la FDSEA des Côtes d’Armor ont décidé d’organiser une opération pour aller à la rencontre de ces manifestants mensuels. « Dans un contexte où nos pratiques sont sans cesse remises en cause aussi bien dans les élevages que dans les parcelles cultivées, nous avons souhaité faire ce mouvement pour échanger avec les Coquelicots. Nous avons confié combien les agriculteurs se sentaient directement et visés par leur action », explique Fabienne Garel,
présidente du syndicat. Une trentaine d’agriculteurs sont ainsi venus dialoguer avec la vingtaine de militants
écologistes.
« L’agriculture la plus durable au monde »
« Ces derniers nous ont expliqué qu’ils ne visaient pas les agriculteurs personnellement, mais les firmes… Nous avons précisé de nombreuses choses : les produits phytosanitaires sont utilisés pour protéger et soigner les plantes afin de sécuriser la qualité de l’alimentation, que les épandages de nuit correspondent à des conditions agronomiques plus favorables permettant de réduire les doses, que les producteurs avaient majoritairement tendance à traiter en-dessous des doses d’usage recommandées… »
Accompagnant la productrice de lait d’Illifaut, Philippe Cherdel, secrétaire général de la FDSEA, et sa collègue Nathalie Bourdonnec, la locale de l’étape installée à Calanhel, ont tenu également à rappeler aux Coquelicots que « l’agriculture française, au même titre que la Suisse, a été désignée comme la plus durable au monde ».
Appelant à ce titre les militants à se ranger de leur côté pour la défendre à l’heure où les accords commerciaux internationaux du Mercosur et du Ceta vont permettre à des denrées alimentaires végétales comme animales d’entrer sur le marché français et européen « alors même qu’ils sont issus de filières ayant recours à des produits interdits ici ».
Et de préciser : « Quand notre agriculture n’a de cesse de faire des efforts depuis si longtemps, les enjeux de ces échanges transatlantiques sont colossaux pour notre économie comme pour les consommateurs. N’importons pas l’agriculture que nous ne voulons pas. Au Brésil ou au Canada, la culture d’OGM ou les antibiotiques comme facteurs de croissance sont autorisés… » Les responsables agricoles s’avouent très sceptiques sur la capacité voire la volonté de l’État à mener des contrôles efficaces sur les importations à venir. « S’ils ne cherchent rien, ils ne trouveront pas. Et dans le même temps, on nous réclame une montée en gamme quand nos concurrents internationaux ne respectent pas les règles auxquelles nous sommes soumis », insiste Fabienne Garel.
Pas sur la même longueur d’onde
Si l’échange entre représentants de la profession et militants écologistes a été cordial – « Nous nous sommes écoutés » – les Coquelicots ont maintenu leur position, restant contre tout produit phytosanitaire, ne supportant pas que des traces de résidus soient retrouvées dans leurs urines ou leurs cheveux… « Ils gardent leur a priori et pensent que les agriculteurs ont davantage de cancers que les autres, alors que les récents résultats de l’enquête officielle Agrican montrent le contraire », avance un syndicaliste. Pour les deux camps aux visions si divergentes, le combat médiatico-politique continue.