De la bière à l’orge de Groix

 - Illustration De la bière à l’orge de Groix
La dernière née des bières bretonnes a une saveur toute groisillone. À base d’orge locale, elle est brassée et embouteillée sur l’île.

Il y tenait à sa brasserie groisillone. Son épouse Sylvie l’avait gentiment provoqué : « Tu travailles sur divers projets à travers le monde, mais que fais-tu pour ton territoire ? ». Ce territoire, c’est l’Île de Groix, où il a jeté l’ancre du côté de Port Tudy, il y a une quinzaine d’années. Jean-Pierre Rennaud dirige un fonds d’investissement qui vise à sécuriser l’approvisionnement d’entreprises d’envergure internationale en matières premières de qualité. Du lait, du cacao, de la vanille, des noix de coco ou encore du sucre de canne qui font vivre des paysans en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud, tout en préservant leur écosystème. À Groix, c’est la bière qui est au centre de ses préoccupations, depuis bientôt deux ans.

[caption id= »attachment_41733″ align= »aligncenter » width= »720″] L’objectif de production est de 2 000 hectolitres par an.[/caption]

Rencontre déterminante

« Je souhaitais développer un projet d’économie circulaire ; produire et vendre sur l’île. Au niveau maritime, les activités sont déjà nombreuses. Au niveau agricole, c’est moins développé ». L’ancien directeur environnement du groupe Danone avait sa petite idée ; il a consulté tous azimuts, des habitants aux élus locaux ou régionaux, en passant par les commerçants groisillons. « C’est ma rencontre avec un agriculteur de l’île, adepte de l’agriculture de conservation, qui a été déterminante. Il cultive des céréales avec des méthodes de régénération du sol. Des techniques que nous préconisons sur nos projets, partout dans le monde… La création d’une brasserie est devenue une évidence ». De l’orge locale et une eau de qualité, les principaux ingrédients d’une bière de caractère étaient là, sur l’île, à quelques encablures de sa résidence. Son passé, certes lointain, de directeur de l’usine Kronenbourg de Rennes, lui a facilité la tâche, pour choisir l’équipement et la technique de brassage…

[caption id= »attachment_41731″ align= »aligncenter » width= »720″] L’inauguration de la brasserie a eu lieu début juin en présence d’élus. Au centre, Jean-Pierre et Sylvie Rennaud.[/caption]

Dans tous les cafés

« Nous devons produire une boisson de qualité exemplaire pour durer. Et partager notre savoir-faire avec ceux qui la boivent ». Ils devraient être nombreux ; 100 000 touristes visitent l’île chaque année. La bière de Groix sera proposée dans tous les estaminets locaux et dans les deux supermarchés du village. « Tous les cafetiers jouent le jeu », se réjouit Jean-Pierre Rennaud. « Nous avons aussi travaillé avec la biscuiterie Ty Tudi Breizh, située au bourg, pour élaborer des gâteaux apéritifs à base des drèches de céréales de la brasserie ». Une réussite collective qui devrait en appeler d’autres. « Nous envisageons, avec différents partenaires, de produire du biogaz avec des déchets produits sur l’île ». En attendant, la bière de Groix devrait se faire une réputation dès cet été, avec l’afflux de visiteurs. 

Un agriculteur au cœur du projet

Si le houblon est associé à la bière, c’est bien l’orge qui constitue la matière première principale du breuvage. Et de l’orge, l’île de Groix n’en manque pas. Jean-Philippe Turlin travaille 120 hectares, en location. Une vingtaine d’hectares seront consacrés aux besoins de la brasserie. L’agriculteur, également conseiller à la Chambre d’agriculture, pratique le « sans labour ». « Quand j’ai repris ces terres, elles manquaient de matière organique et n’étaient pas très fertiles. L’agriculture de conservation (terres couvertes en permanence, techniques simplifiées de semis) m’a permis de multiplier le nombre de vers de terre par cinq et d’accroître la qualité du sol ». Si la production est en hausse, elle ne battra jamais de records. Les intrants proviennent du continent ; le coût s’en ressent et incite aux économies L’agriculteur faisait visiter ses cultures avant l’inauguration de la brasserie, en juin dernier. Il escomptait 50 q d’orge par hectare, « avant prélèvement par les pigeons », précisait-il. La brasserie représente une opportunité : la récolte ne prendra pas le bateau… Quelques dépenses en moins et la satisfaction d’être un maillon essentiel d’un projet de développement durable sur l’île.


Fermer l'écran superposé de recherche

Rechercher un article