André Divannac’h et Marc Marchadour sèment en direct leurs cultures dans un couvert de trèfle permanent. La biodiversité est favorisée, le sol est vivant.
La couverture permanente des sols est une des clés de réussite d’implantation de culture en semis direct. André Divanac’h, agriculteur laitier à Plonévez-Porzay (29), s’est depuis longtemps intéressé aux couverts végétaux : dès 1996, il s’est penché sur ces plantes intéressantes agronomiquement. En 2002, l’exploitation se tourne vers des pratiques limitant le travail du sol ; en 2005 un appareil de semis direct est acheté.
Depuis 2013, des cultures comme le colza sont implantées directement dans une couverture permanente de trèfle. Cette légumineuse va légèrement croître au début de la culture, pour rester plus discrète pendant la croissance de la crucifère. « Il va rester en sous-marin, puis redémarre au printemps », explique le Finistérien, lors d’une journée Innov’Action qui s’est tenue chez lui en juin dernier. Sitôt le colza récolté, ce trèfle va exploser, retrouvant les 2 conditions nécessaires à sa croissance, à savoir chaleur et lumière. En 8 jours, le sol est couvert.
[caption id= »attachment_41713″ align= »aligncenter » width= »720″] Le trèfle reste présent dans la culture. Il se développera une fois la céréale récoltée, puis sera enrubanné.[/caption]
La couverture est une dérobée
Cette quantité de trèfle est récoltée pour nourrir les animaux de l’exploitation. 2,5 t/ha sont ainsi stockées en enrubanné. « Les tiges de colza sont auparavant broyées pour éviter de percer le film ». Les quelques brins de paille de colza tout de même récoltés au rotocut et distribués pendant l’hiver feront davantage ruminer les vaches. Une céréale est ensuite implantée dans cette dérobée de trèfle. Une légère pulvérisation de désherbant total « met le trèfle en sommeil, règle les problèmes de brome. Un blé est préféré à une orge, plus risquée, car la légumineuse peut prendre le dessus de la culture avant moisson ».
Une restitution au bon moment
Après ces 2 cultures d’hiver, le trèfle est détruit pour laisser place à une culture de printemps, souvent un maïs. « Semer directement un maïs dans du trèfle est trop pénalisant », estime l’agriculteur, car la concurrence au démarrage sera trop forte. Le trèfle permanent ne restitue que « 30 à 40 unités d’azote sans travail du sol : la légumineuse va, dans un premier temps, pomper l’azote du sol à la manière d’un couvert classique. Peu ligneux, le trèfle va toutefois donner un bon coup de main au niveau azote à la céréale, courant janvier/février », explique Jean-Philippe Turlin, conseiller à la Chambre d’agriculture de Bretagne.
[caption id= »attachment_41714″ align= »aligncenter » width= »720″] Marc Marchadour a présenté son système de culture lors d’une journée Innov’Action.[/caption]
Le technicien a mené de nombreux essais pour choisir les espèces les plus adaptées à cette technique de couverture permanente des sols : luzerne, différents types de trèfle. Si les trèfles violets ont été écartés du fait de leur faible pérennité, la luzerne ne s’adapte que dans les sols à bon pH. Le trèfle blanc est une bonne solution. « Je m’y retrouve en termes de valeur alimentaire », ajoute l’éleveur, qui a choisi Huia comme variété de trèfle blanc, car typé nain.
Un couvert facile
Marc Marchadour est lui aussi adepte des cultures implantées sous couvert de trèfle. « Dans le colza, je ne réalise plus de désherbage au semis, qui avait tendance à freiner la culture. Je réalise un simple rattrapage anti-graminées ». Ce producteur de légumes apprécie aussi les couverts après récolte de flageolets ou de pois de conserve. « Un mélange féverole/phacélie solutionne les problèmes d’adventices. Sans ces couverts, les parcelles seraient couvertes de chénopodes, le salissement est un problème à résoudre en semis direct ».
La légumineuse associée à la phacélie est aussi appréciée pour son effet sur la structure du sol et pour sa facilité de destruction. Le couvert est détruit le jour du semis de la céréale. « La féverole est facile à réussir, à semer, à garder entre 2 cultures et à broyer », note Marc Marchadour. Quant à la gestion des ravageurs, il observe des pucerons sur les couverts, mais « il faut être patient, les coccinelles font leur travail ». La biodiversité est aussi plus importante dans des parcelles contenant plusieurs espèces végétales ; l’agriculteur finistérien n’utilise plus d’insecticide sur ses cultures.