Le maïs est la culture qui convient le mieux au désherbage mécanique, mais les fenêtres météo ont décalé cette année nombre de ces chantiers sur la deuxième quinzaine de juin, sur des adventices assez développées.
Le maïs était, vendredi 21 juin, à 8-9 feuilles sur la parcelle d’Alain Reslou, agriculteur porcin à Quédillac (35), où le groupe Ceta Haute Rance, adhérent au Ceta35, mène des essais pour trouver la meilleure solution de désherbage du maïs : mécanique ou mixte. « J’ai passé deux fois le déchaumeur à disques, le 20 mars pour détruire le couvert de phacélie et de féverole, puis le 10 avril, pour nettoyer la parcelle. Le maïs a été semé le 4 mai après précédent blé, sans labour », explique l’agriculteur.
Charrue inévitable sans chimie ?
Sur cette parcelle de 7 ha, deux stratégies de désherbage mécanique et deux stratégies mixtes (désherbage chimique et mécanique) sont comparées à un témoin chimique. La solution 100 % mécanique avec deux passages de houe ne s’est pas avérée efficace. Le semis a été effectué légèrement plus profond, à 4 cm, pour permettre le 1er passage de la houe rotative, le 15 mai en prélevée. « Ce chantier s’est avéré être plus un écroûtage, formé avec de fortes pluies, qu’un désherbage », précise l’agriculteur. Il a été suivi d’un second passage de houe, le 29 mai, puis un binage retardé au 21 juin. « Il reste de nombreuses fumeterres, en grande densité. La première quinzaine de juin, pluvieuse, ne nous a pas permis d’intervenir assez tôt ».
Si le maïs n’a pas poussé très vite, les adventices, quant à elles, ont continué à croître… Le second essai tout mécanique prévu avec un passage de houe et deux binages est, quant à lui, très sale (photo 2). Le binage prévu à 5-6 feuilles n’a pas pu être effectué. « Il y a du chardon et du rumex dans cette parcelle. Pour en venir à bout, il aurait fallu pouvoir passer la bineuse début juin, disposer d’une parcelle très propre au semis avec des faux semis préalables ou réaliser un labour. Il faudrait ainsi peut-être que je sème 10 jours plus tard mais pas au-delà du 15 mai, car je le récolte en maïs grain. » Les travaux étant effectués par l’ETA, ces deux modalités présentent des coûts d’environ 100 €/ha.
La chimie en rattrapage
Un premier passage en prélevée équivalent à Choriste (0,4 L) et Biathlon (20 g), le 22 mai, au stade 1 feuille du maïs accompagné d’un passage de la bineuse ce 21 juin montre un itinéraire intéressant, avec un résultat de désherbage correct. « Il reste quelques rumex qui n’ont pas été pris par la bineuse sur le rang », fait remarquer Anaïs Charmeau, ingénieure cultures au Ceta35. Le chantier revient à 76 €/ha, contre 77 € pour les deux passages en post-levée du programme appliqué par l’agriculteur dans le reste de la parcelle. L’option d’un passage de houe le 15 mai, suivi d’un rattrapage chimique avec du Camix (1,7 L) en complément à 2-3 feuilles, donne aussi des résultats acceptables. « Il reste du chardon, mais il sera freiné dans son développement », note Alain Reslou. Cette modalité a été chiffrée à 68 €/ha.
« Que ce soit sur la notation de la flore adventive présente dans la parcelle ou avec une approche plus économique incluant le temps de travail, la houe rotative, suivie d’un rattrapage chimique confirme son efficacité technique et économique en 2019, comme sur les essais menés en 2017 », conclut Anaïs Charmeau.