Les effluents d’élevage des systèmes sur caillebotis ou en cage ne pourront plus être utilisés sur des terres en agriculture biologique. Cette nouvelle réglementation française peut-elle freiner la bio?
En décembre dernier, le Comité national de l’agriculture biologique (Cnab) a tranché. Les lisiers d’élevages porcins conventionnels et les fientes de poules en cage ne seront plus autorisés chez les bio. Problème, 80 % des fertilisants normés du commerce, actuellement utilisés sur des terres en bio, sont concernés. Ils sont à base, au moins en partie, de ces effluents interdits. Les fournisseurs d’amendements devront revoir leur copie. Le lisier de porc sur caillebotis n’est pas le seul concerné. Celui des veaux et des canards est également exclu. Les matières issues de centrifugeuses, les digestats de méthanisation et les fientes de certains élevages de volailles subiront le même sort. Même si cette mesure était envisagée depuis longtemps, son impact se dessine seulement aujourd’hui.
« Cette décision, prise par quelques individus sur le coin d’une table, sans aucune concertation avec d’autres membres de la filière, est grave », assure Olivier Péan, directeur de Terrial, fournisseur d’amendements. « Elle ne va pas priver l’agriculture biologique de fertilisants ; les producteurs les achèteront en Belgique, en Espagne ou ailleurs. Les mêmes produits, mais plus chers et fabriqués à l’étranger. Il y a un problème d’équité entre entreprises de l’Union européenne ».
1/3 de la sole de blé bio
Une enquête réalisée chez les 14 sociétés adhérentes de l’Afaïa (fabricants de fertilisants organiques) montre que les disponibilités en azote pour les terres cultivées en bio seront divisées par 7, avec une perte de l’ordre de 4 800 t, et celles en phosphore divisées par 9, avec perte de l’ordre de 5 000 t. Ces minéraux, produits en France, permettent de fertiliser 50 000 hectares de blé, soit environ un tiers de la sole française de blé bio. Le marché s’en ressent déjà. « Certains produits, comme les poudres de plumes, de cornes ou d’os ont pris 10 % ». La décision du Cnab est d’autant plus incompréhensible, pour Olivier Péan, que « l’Europe envisage de revoir le cahier des charges de la bio en 2021. Pourquoi ne pas avoir attendu ? ».
Légumes locaux
Jean-Marc Onno, co-gestionnaire d’Arvor Compost qui produit 7 000 tonnes de compost chaque année, en partie à base des lisiers d’une dizaine d’élevages du secteur d’Evellys (56) s’inquiète pour sa structure mais aussi pour ses clients : « 80 % de nos clients sont en bio, essentiellement en maraîchage. Ils achètent 65 % de notre production. Nous pourrions éventuellement produire un compost uniquement à partir de déchets végétaux mais il serait moins riche et coûterait trois fois plus cher ». Dominique Le Crom, producteur de lait bio, achète ce compost et des fientes : « Mon système serait remis en cause si je ne pouvais plus acheter ces fertilisants, produits localement ». Plus globalement, il s’interroge : « Comment nourrir des pondeuses et répondre à la demande sociétale d’œufs bio, si on met des freins à la production de blé en France ? ». Bruno Jehanno, à la tête d’une ferme mixte (50 ha en légumes bio, 110 ha en céréales conventionnelles et atelier porc naisseur engraisseur), abonde : « Je livre des légumes bio à d’aucy qui cherche à développer ce créneau. Comment faire pour fertiliser ces 50 hectares et répondre à leur demande ? ».
Des députés alertent
Dans l’immédiat, une dizaine de députés bretons ont interpellé le ministre de l’Agriculture, par courrier du 2 mai dernier. Ils s’interrogent sur la pertinence de l’évolution de la réglementation à une période où la demande de produits biologiques est en forte augmentation. Elle ne faiblira pas dans les prochaines années compte tenu de la loi Égalim qui exige 20 % de produits bio dans la restauration collective d’ici 2022. Il serait préférable qu’ils soient français…
Il faut s’interroger sur l’origine de l’azote
Le principe de la bio repose sur des processus durables, respectueux de l’environnement. Il faut s’interroger sur l’origine de l’azote contenu dans ces effluents industriels. Il provient de sources chimiques ; des engrais minéraux dont la fabrication et l’épandage provoquent des pollutions. Il provient aussi, via l’alimentation des animaux, de protéines importées comme le soja, dont on connaît l’impact sur l’environnement des pays producteurs. Il est logique que le Cnab se pose des questions. La grande majorité des effluents utilisés en agriculture biologique, notamment sur les cultures fourragères, provient d’élevages bio. En Bretagne, l’évolution de la réglementation aura peu d’impact car il y a un équilibre entre élevage et cultures. Dans les régions céréalières et en maraîchage, elle va compliquer un peu le système de production. Il était nécessaire de fixer une limite pour l’utilisation de ces effluents industriels. Peut-être peut-on discuter sur les délais de son application, notamment dans ces régions où l’agriculture biologique peut être impactée. Yves Jan, membre du Cnab
max
On nous présente le bio comme la seule filière fiable, alors qu’elle est dépendante (à 80%) du conventionnelle pour les engrais. Les engrais organique provenant des éléments présents dans un champs, tous ses éléments prélevés ne se retrouvent pas dans le lisier, une (bonne) partie sert à alimenter l’organisme du bétail (pour fabriquer des protéines). Cette perte se traduit donc par un appauvrissement du sol, incompatible avec l’aspect durable. L’utilisation d’engrais synthétiques à permis de palier à cette perte. Un modèle comme le bio ne peut donc être viable à long terme s’il refuse les engrais synthétiques.
« les disponibilités en azote pour les terres cultivées en bio seront divisées par 7, avec une perte de l’ordre de 4 800 t, et celles en phosphore divisées par 9 »
J’ entend souvent dire que les engrais de synthèses stériliserais le sol. Hors on voit ici que les éléments apportés par les engrais organiques sont l’azote et le phosphore, les même que ceux qui compose les engrais de synthèses.
On vois aussi que le bio se targue de vertus qu’il n’a finalement pas, vu qu’il se retrouve à être dépendant du conventionnel pour les engrais. Avec le rappel qu’il utilise aussi des pesticides et que leurs origine « naturel » ne garantie pas une absence de risques pour la santé et l’environnement. Et que leurs natures reste tout aussi chimiques que ceux de synthèse (toute la matière est chimique).
Cet événement devrait aussi mettre les acteurs du bio face à leurs contradictions (j’utilise du tous naturel, à finalement non).
« Il faut s’interroger sur l’origine de l’azote contenu dans ces effluents industriels. Il provient de sources chimiques »
Yves Jan montre là son illettrisme scientifique. Toutes les sources d’azote sont chimiques, vu que toute la matière est chimique. C’est un argument que je vois souvent chez ceux qui défende le bio. Il montre la part d’idéologie sur laquelle se base cette filière, idéologie qui n’a pas grand chose de rationnelle.
bruno
Bonjour
Bien sûr aucune idéologie de votre part !
Pouvez vous vous présenter et nous dire quels intérêts vous défendez ?
PS :
» Yves Jan montre là son illettrisme scientifique. Toutes les sources d’azote sont chimiques »
L’azote des légumineuses est il aussi d’origine chimique ?
L’azote des agricultures anciennes ( 19eme sicle et avant ) était il d’origine chimique ?
C’est bien vous qui nous parlez d’illettrisme ?