Le brillant avenir de l’agriculture

 - Illustration Le brillant avenir de l’agriculture
Philippe Dessertine, économiste, est intervenu à l’assemblée générale de Triskalia, le 21 juin, à Pacé (35).
L’agroalimentaire est le secteur économique le plus prometteur en termes de valeur ajoutée pour ce XXIe siècle. Une conviction pour l’économiste, Philippe Dessertine.

Deux conceptions s’affrontent en matière d’agriculture : le repli ou la conquête. Le repli, c’est-à-dire la focalisation sur un marché alimentaire intérieur de plus en plus frugal, voire d’une certaine façon épicurien. Ou, à l’opposé, la conquête d’un marché alimentaire international de plus en plus affamé avec 70 à 80 millions de bouches supplémentaires à nourrir chaque année.

La meilleure image au monde

Pour Philippe Dessertine, la question ne se pose pas. Le repli est la première marche d’une mort annoncée de l’agriculture. « À force de dire qu’il n’y avait plus d’avenir dans l’aciérie, ce secteur industriel a disparu de France et aujourd’hui on importe », fait-il observer, en mettant en garde de réserver le même sort à l’agriculture. Et d’interroger : « Est-ce que l’on n’est pas en train de supprimer l’agriculture française au moment où elle a le plus d’avenir et la meilleure image au monde ? ».

L’agilité des petites structures

Des investisseurs ont tellement bien compris l’enjeu à venir de l’alimentation qu’ils veulent à tout prix mettre de l’argent dans l’agriculture et l’agroalimentaire. « Et pas seulement les Gafa ». Pour l’économiste et directeur de l’Institut de haute finance, le monde agricole a donc intérêt à emboîter le pas. Et si elle ne dispose pas de milliards d’euros comme les investisseurs et les empires des nouvelles technologies, l’agriculture dispose néanmoins d’un levier efficace : son agilité. « Les petites structures évoluent et s’adaptent mieux que les mastodontes. La coopération est particulièrement adaptée à ce contexte ».

Adaptée ? À condition de s’inscrire dans les grandes tendances et d’anticiper les ruptures à venir. L’économiste fait notamment référence à la rupture technologique qui pointe son nez. « L’agriculture va changer de manière incroyable. Nous sommes au bord de quelque chose que l’on ne peut pas imaginer. Le changement intervenu depuis trois générations n’est rien au regard de ce qui nous arrive ». Une profonde mutation à venir qui fait dire à l’économiste que « l’agriculture et l’agroalimentaire ont un avenir absolument brillant ». Et d’ajouter : « Je dis aux jeunes : foncez dans l’agroalimentaire car c’est là que l’on aura le plus de valeur ajoutée au niveau mondial ».

Se faire payer

Fut-ce la société agricole suffisamment agile et imaginative pour aborder ce bouleversement promis par Philippe Dessertine, l’agroalimentaire breton devra composer avec un marché qui n’est pas seulement huilé par la qualité et les prix. La géopolitique pèse autant que n’importe quel autre facteur. Voire bien plus. « Commercer avec la Chine ? Il faut aussi se faire payer », en convient l’économiste. Et comme le fait observer un agriculteur qui assistait à l’intervention du professeur de la Sorbonne : « Il faut aussi que les agriculteurs aient un retour de cette valeur ajoutée ». Éternelle question…


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