L’accord de libre-échange entre l’Europe et le Mercosur a été signé le 28 juin à Bruxelles.
« Il ne faut pas nier que nous avons dû faire des concessions importantes pour parvenir à un résultat équilibré et ambitieux », a dû admettre le commissaire européen à l’agriculture Phil Hogan, commentant l’accord commercial que venaient de conclure les négociateurs de la Commission européenne et du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay). Un accord jugé catastrophique par les organisations agricoles de l’UE — et aussi par les écologistes — qui ont dénoncé notamment l’ouverture du marché européen de denrées produites selon des critères environnementaux et sociaux bien moindres.
L’agriculture face au lobby automobile
Phil Hogan a tenté de rassurer en précisant que ces importations devront « respecter les normes strictes de l’Union européenne en matière de sécurité alimentaire », que l’accord « confirme explicitement le principe de précaution » et qu’il prévoit des « mesures de sauvegarde » en cas d’augmentation soudaine des importations susceptible de causer un préjudice grave au secteur concerné. « La Commission est également disposée à aider les agriculteurs à procéder aux ajustements nécessaires, avec un soutien financier pouvant atteindre 1 milliard € en cas de perturbation du marché », a-t-il également promis.
En échange de ses concessions, dont le but était notamment d’obtenir l’ouverture du marché du Mercosur pour les produits industriels européens, les voitures en premier lieu, l’UE a obtenu des quatre pays sud-américains, parmi ses « intérêts offensifs » agricoles, la protection de 357 indications géographiques, l’ouverture de leur marché pour un contingent de 30 000 t de fromage avec des droits réduits à zéro sur 9 ans ainsi que l’abolition à terme de leurs droits sur le vin.
La Copa Cogeca, principal syndicat agricole dans l’UE, a fustigé « une politique commerciale à deux poids et deux mesures », qui élargit « le fossé entre ce qui est demandé aux agriculteurs européens et ce qui est toléré des producteurs du Mercosur », dont les normes sanitaires et environnementales ne sont pas les mêmes qu’en Europe.
« Inacceptable » pour les agriculteurs
En Allemagne, le patron du Deutscher Bauernverband, premier syndicat du pays, a jugé « l’accord totalement déséquilibré », au point de mettre en péril « beaucoup d’exploitations agricoles familiales ». Quant à Christiane Lambert, à la tête de la FNSEA, elle a dénoncé « un coup dur pour l’agriculture » et « un mensonge, une tromperie » pour les consommateurs, soulignant que « 74 % des produits phytosanitaires utilisés au Brésil sont interdits en Europe ». L’accord ne sera pas ratifié par la France notamment s’il n’y a « pas de certitude »sur la « traçabilité » des viandes, a affirmé le 2 juillet le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume, ce que la FNB juge « impossible », rappelant que « ces clauses sont considérées comme des entraves au commerce international. » FNSEA, JA et Coordination rurale ont annoncé mener des actions contre cette décision.