La bonne gestion de la litière devient un élément primordial pour la réussite de son lot de dindes souvent conditionné par des animaux qui se déplacent bien et qui n’ont pas mal aux pattes.
« Au début des années 90, il fallait 200 jours d’élevage pour qu’une dinde atteigne le poids de 11 kg et 4 kg d’aliment étaient nécessaires pour faire 1 kg de muscle (indice de consommation de 4). Aujourd’hui, ce poids de 11 kg est atteint en 91 jours avec un indice de consommation qui passe sous la barre de 2. Par contre la génétique n’a pas encore réussi à résoudre la problématique de la mortalité liée à la vitesse de croissance », explique Sylvain Brière, du service recherche et développement chez Hendrix Genetics, lors d’une journée technique organisée par l’association des techniciens avicoles de Ploufragan. L’évolution des souches de dindes est donc constante. Face à cette évolution génétique, il faut mettre en place une évolution technique des pratiques. « La dinde n’est pas un gros poulet, ce sont des animaux différents qui ne réagissent pas de la même façon. Il faut être très vigilant car avec moins de 2,5 lots par an une erreur ne pardonne pas. »
Moins d’ampoules de bréchet
La gestion de la litière est un facteur déterminant pour la réussite d’un lot de dinde. Il existe différents types de litière : paille, menue-paille, copeaux/sciure, miscanthus, cosse de riz, granulés de paille, rafle de maïs… Chaque litière a des capacités d’absorption différente. En maintenant une litière souple et non abrasive l’éleveur va limiter les problématiques de pododermatites qui entraînent des boiteries. « En veillant à maintenir de l’activité dans le poulailler il y a moins d’animaux présentant des ampoules de bréchet car ils sont moins souvent couchés. De plus, des volailles qui se déplacent entretiennent mécaniquement la litière », constate Sylvain Brière.
Sécher la litière en ventilant plus
La phase critique pour la litière se situe entre 6 et 12 semaines. Sur cette période, les pertes en eau des dindes sont supérieures à la chaleur produite. La litière est donc naturellement humide. Il faut la sécher en ventilant plus et apporter régulièrement de la litière fraîche. Après 13 semaines, les volailles deviennent exothermes et la litière devient plus sèche. Cela peut générer de la poussière qui peut être la cause d’autres problématiques. « Nous avons réalisé une étude dans notre station recherche et développement pour démontrer l’impact des conditions d’élevage sur les performances. » Lors de l’étude, le groupe témoin a été placé dans de bonnes conditions d’élevage : mangeoires vidées régulièrement, nettoyage hebdomadaire des abreuvoirs, entretien régulier de la litière, mangeoires et gamelles relevées régulièrement.
Les 2 groupes tests ont été placés en conditions dégradées. Le lot témoin disposait de 4 abreuvoirs et 8 mangeoires pour 220 mâles, tandis que les lots tests avaient 2 abreuvoirs et 4 mangeoires pour 220 mâles. « Cette étude démontre qu’un élevage en mauvaises conditions augmente le taux de mortalité, réduit la croissance, impacte négativement la performance viande qui s’explique en partie par un manque de déplacement lié à un mauvais développement au niveau des pattes. Sur un groupe test nous avons réalisé un entretien minime en cours de lot (litière, mangeoires, abreuvoirs) mais cela n’a pas permis de corriger le problème de pattes et le risque de trouble important persiste », conclut Sylvain Brière.
Claudine Theate
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