Les plantes de service… Au service de l’agriculteur et de la société tout entière

 - Illustration Les plantes de service… Au service de l’agriculteur et de la société tout entière
Nécessité d'un couvert pour limiter les écoulements d'eau.
Il n’est pas récent que l’homme sème des plantes sans avoir l’objectif de les récolter. Depuis plusieurs décennies il sème des « engrais verts ». Puis l’évolution de la réglementation des différentes politiques agricoles a amené le sujet sous forme de contraintes, conditionnant les primes compensatrices : jachères fixes ou tournantes, bandes enherbées, couvertures des sols en période hivernale, accompagnement d’un plan d’épandage. 

Aujourd’hui, c’est la profession agricole qui fait évoluer encore plus vite le sujet : on parle alors de plantes de service ou encore de Cultures Intermédiaires Multi-Services (CIMS). Le choix des espèces et des périodes de semis est maintenant dicté par l’expertise agronomique et la biologie végétale car chaque plante dispose d’atouts et de caractéristiques spécifiques dont la nature l’a dotée. Il y a d’ailleurs encore beaucoup de choses à inventer et à expérimenter. 

Il y a entre 30 et 50 espèces de plantes qui sont recensées comme plantes de service. Elles diffèrent par leur appartenance à une famille botanique, par leur mode de reproduction, par leur système racinaire, leur morphologie, leur adaptation à des contraintes pédoclimatiques et bien sûr par les services qu’elles peuvent rendre. 

Déterminer le service recherché 

Le choix de ces espèces se fera en fonction de la place qu’auront ces plantes dans la rotation, en fonction des contraintes, des objectifs et même du mode de destruction envisagé de ces mêmes plantes. On peut même, dans certains cas, envisager la culture simultanée de la plante de service et de la culture principale. On parle alors de plantes compagnes, parfois de cultures associées. 

Les objectifs sont multiples et les Cultures Intermédiaires Multi-Services peuvent remplir une ou plusieurs missions : lutter contre l’érosion par l’eau ou le vent, favoriser la pénétration de l’eau dans le sol, restituer de la matière organique au sol et donc du carbone, améliorer la structure du sol, piéger l’azote en excès, fixer de l’azote (légumineuses), lutter contre certains ravageurs parasites, lutter contre les plantes indésirables, favoriser la vie de la faune sauvage, la vie des insectes auxiliaires dont l’abeille, accompagner et protéger la culture principale ou enfin constituer une barrière sanitaire entre deux cultures principales. 

[caption id= »attachment_42148″ align= »aligncenter » width= »720″] Un couvert d’intercultures permet de restructurer le sol.[/caption]

Une espèce ou des espèces pour chaque objectif 

Le choix des espèces se fera donc en fonction des objectifs attendus, de la culture précédente et de la culture suivante, des contraintes de calendrier de semis et du mode destruction envisagé. 
        
Il y a tout d’abord les brassicacées : colza, moutarde blanche, moutarde brune, moutarde d’abyssinie, la navette, le radis fourrager, le radis chinois, la caméline. Les brassicacées sont souvent employées pour leurs capacités à capter l’azote ainsi qu’à contrer certains parasites du sol (nématodes, champignons). 

Puis les fabacées à grosses graines : la féverole, les pois fourragers ou protéagineux, la vesce velue, la vesce commune, la vesce pourpre, la vesce de Narbonne, le lupin. 

Mais aussi les fabacées à petites graines : le trèfle violet, le trèfle incarnat, le trèfle d’Alexandrie, le trèfle blanc, la minette, le sainfoin, le trèfle hybride, le trèfle de Perse, le trèfle de Michelli, le trèfle vésiculé, le trèfle de cerdagne, la serredelle, le mélilot, la luzerne, le lotier, la lentille, la gesse, le fénugrec. Les fabacées sont capables de fixer l’azote de l’air grâce aux nodosités de leurs racines. Elles sont donc employées pour enrichir le sol en cet élément. 

Certaines espèces sont seules représentantes de leur famille pour l’usage : la phacélie, le lin, le sarrasin, le tournesol, la bourrache. Ces plantes ont différents intérêts mais elles ont en commun d’être des sources de nourriture pour les pollinisateurs. 

Sans oublier les graminées fourragères ou de gazon : le ray-grass anglais, le ray-grass italien, le ray-grass hybride, le moha, le millet perlé. Les graminées, grâce à leur puissant système racinaire fasciculé, s’avèrent très efficaces pour ameublir le sol. 

De même que les céréales : l’avoine diploïde, les avoines classiques, le seigle, le seigle forestier, le sorgho. Les céréales sont intéressantes car, en fonction du stade auquel elles sont détruites, elles peuvent apporter aux microorganismes du sol soit des sucres, soit du carbone. Leurs capacités à taller et à couvrir rapidement le sol en font un atout dans la lutte contre les mauvaises herbes. 

Il est essentiel de connaître la biologie de chacune de ces plantes pour les choisir et les insérer dans le système agronomique en fonction des services attendus. La panoplie de plantes est donc très diversifiée et s’enrichit en permanence. 

Deux points clé pour atteindre les objectifs recherchés : la qualité de la semence et la qualité de l’implantation. 

La qualité de la semence est essentielle. La réussite est directement liée à la bonne couverture du sol et donc à la qualité de la germination. La semence doit garantir l’absence de graines d’adventices qui risqueraient de polluer les cultures suivantes. Les semences certifiées et les contrôles officiels garantissent ce haut niveau de qualité. 

Il en est de même pour la qualité de l’implantation. Il est important de soigner le semis, dans une terre fine ameublie en surface et plombée après semis. Il faut aussi prendre en compte la date de semis en fonction de l’espèce et respecter la dose de semis. 
Au fur et à mesure que cette pratique des Cultures Intermédiaires Multi-Services se développe, l’offre variétale augmente et permet de disposer de solutions toujours mieux adaptées à la diversité des usages et des besoins chez les agriculteurs. Le GNIS développe actuellement deux Outils d’Aide à la Décision sous forme de réglettes qui permettront aux agriculteurs et aux techniciens de raisonner le choix des espèces pour les cultures intermédiaires et les cultures dérobées à vocation fourragères. Leur sortie imminente est prévue pour le mois de juillet.


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