Gestion de la reproduction, alimentation équilibrée et certifiée, semis de couverts végétaux… Steve Troley, qui conduit des gastéropodes, a les mêmes problématiques que tous les éleveurs.
« S’il est presque aveugle et complètement sourd, l’escargot, grâce à un petit orifice, peut sentir sa nourriture jusqu’à 7 m. Une feuille de salade par exemple. Après, il lui faudra 1 heure à 1 heure 1/4 pour parcourir cette distance ! », explique Steve Troley à un groupe d’enfants émerveillés et attentifs. « Regardez, ici, c’est sa bouche. Et contrairement à ce que l’on imagine, l’escargot a des milliers de dents positionnées sur sa langue. Avec cet organe, appelé radula, par des mouvements d’avant en arrière, il râpe tous ses aliments avant de les avaler », poursuit l’héliciculteur passionné. Dans la nature, cela lui permet même d’élimer du bois pour en récupérer la cellulose ou déchiqueter le papier qu’il trouve dans une boîte aux lettres…
[caption id= »attachment_41951″ align= »aligncenter » width= »720″] La visite commence dans la salle de reproduction où Steve Troley explique les secrets de l’anatomie de l’escargot.[/caption]
Nourris au grain
Un escargot adulte se reconnaît à la « casquette », un petit renflement sous sa coquille. « On dit qu’il est bien bordé. » En milieu naturel, il faut compter 2 à 2,5 ans pour qu’un animal atteigne sa maturité. Mais à Chapeau l’escargot, la ferme de Steve au cœur de la vallée du Léguer à Tonquédec (22), une saison suffit grâce à la « potion magique », une nourriture contenant des céréales, un complément calcaire et des vitamines. « J’ai 210 000 escargots ici. Chaque saison, je leur distribue au total 3 tonnes de céréales. »
En hiver, les escargots hibernent. Avec la chaleur, ils se mettent en estivation. « Mais ici, nous faisons tout pour qu’ils restent le plus actif possible en période d’élevage, notamment dans les 25 m2 de la salle de reproduction de février à avril. Une pièce chauffée à 25°C avec une hygrométrie de 90 à 95 % », détaille Steve. Le fameux gastéropode est hermaphrodite. « Au départ, deux mâles se rapprochent et grâce à un dard, un petit tuyau blanc, ils déposent leur semence à l’intérieur de l’autre. » Puis ils deviennent des femelles et pondent alors, par un orifice de leur cou, un à un, 100 à 150 œufs au fond d’un trou de 2 à 3 cm dans la terre.
« Ce sont les grappes de toutes petites perles blanches qu’on trouve parfois dans les jardinières. »
Une semaine après l’éclosion, les naissains sont transférés vers les parcs extérieurs où, chaque année, l’héliciculteur sème de nouveaux couverts végétaux en février – mars. « Du colza, du pois et de la féverole que les escargots adorent, de la phacélie aussi qui pousse rapidement et plaît aux abeilles. Au démarrage, ils se nourrissent de ces végétaux, ensuite ces derniers leur servent de protection contre la chaleur. » Le sol des parcs est également jonché de planches de bois : le dessous sert de support d’accroche aux escargots, la surface au-dessus permet d’y distribuer le mélange céréalier tous les deux jours. Une aspersion tous les soirs stimule la sortie des gastéropodes pour aller se nourrir. « Le climat breton, qui assure toujours une certaine humidité le matin, est d’ailleurs assez favorable à l’élevage. »
Transformation à la ferme et vente directe
Plus tard, en septembre – octobre, quand les gastéropodes ont suffisamment grandi et sont bien bordés, les planches sont levées. « Entre les deux parcs de Petit-Gris et de Gros-Gris, je ramasse environ 2,5 tonnes d’escargots. » Ces derniers sont ensuite placés dans de grandes caisses grillagées placées devant des ventilateurs. Dans cette période de jeûne, les animaux vont placer un opercule devant leur coquille. « Les plus chanceux se réveilleront en février pour la reproduction. Les autres seront transformés. »
Récoltée manuellement, la bave de certains – « notamment les 2e et 3e mucus, riches en matière sèche dont l’allantoïne, substance cicatrisante et régénérante pour la peau » – servira à la préparation de produits cosmétiques (crème de jour, baume à lèvres, crème solaire, gel douche… de la marque Mlle Agathe). Mais le gros de la production sera préparé par Steve sous forme de tartinades agrémentées de beurre, d’ail des ours, d’échalote, de Roquefort, de noix… Ces petits pots savoureux sont ensuite distribués en vente directe sur les marchés de la région ou lors de visite-dégustation sur site. Assez rare dans le monde de l’escargot d’élevage, la ferme de l’héliciculteur breton est d’ailleurs certifiée en agriculture biologique.
Comment contenir son cheptel ?
Sur les marchés ou Internet
Pots de tartinade ou escargots semi-transformés en coquilles ou en chair à retrouver sur les marchés du jeudi matin à Lannion (toute l’année), du mercredi matin à Perros-Guirec (en été) et sur les foires et salons de Bretagne. Plus d’informations sur chapeaulescargot.com
Contact : Crech’ ar scrill à Tonquédec (22) au 06 11 55 53 89 ou contact@chapeaulescargot.com