Saint-Herbot fête la motte jaune

 - Illustration Saint-Herbot fête la motte jaune
L’église de Saint-Herbot se situe à proximité de Plonévez-du-Faou et de Loqueffret.
Le beurre fait partie de notre patrimoine culinaire et traditionnel. Une fête lui est consacrée tous les ans à Plonévez-du-Faou (29), dans le hameau de Saint-Herbot.

Ah ! Ce goût velouté inimitable que l’on retrouve sur toutes les bonnes tables. Le beurre est l’invité des repas, de l’entrée au dessert. La France tient le 1er rang mondial de consommation de cette matière grasse avec 8 kg par habitant et par an. Les Bretons font encore plus fort, en atteignant près de 12 kg par an en moyenne par personne, en très grande majorité salé. L’exonération de la gabelle a laissé le privilège aux Bretons de saler la motte jaune, le sel étant alors utilisé comme conservateur de la spécialité crémeuse. Il est un endroit en Finistère où les choses s’activent en septembre pour fêter comme il se doit le beurre. À Saint-Herbot, ancienne paroisse de l’évêché de Cornouaille située à Plonévez-du-Faou (29), la fête du beurre se tient tous les ans, le 4e dimanche de septembre.

[caption id= »attachment_42081″ align= »aligncenter » width= »644″] Tine Quiniou mettra la main à la pâte pour baratter le beurre lors de la fête.[/caption]

Les japonais aiment le beurre

[caption id= »attachment_42080″ align= »alignright » width= »181″] Saint-Herbot vivait simplement avec deux bœufs qui l’ont accompagné jusqu’à sa mort.[/caption]

Aux commandes de cette 30e édition de la fête du beurre, Dominique Menuge, co-président de la Pafa (Plonevez ar Fao Animation). Pour ce Finistérien, originaire de Paris et installé en terres bretonnes depuis 19 ans, le débat est vite clos quand à la salinité de la préparation. « J’ai quand même été élevé au beurre demi-sel », rassure-t-il. Cette fête est l’occasion de remettre aussi au goût du jour les vieux métiers. « Nous accueillerons un sourcier, un fabricant de cuillères en bois pour les mariages. Notre association présentera une cinquantaine de barattes, des machines pour fabriquer des sabots. Cette fête est rendue possible par le travail de 260 bénévoles ». Et la majestueuse église où se déroulera cette « Gouel an amann » attire près de 2 500 visiteurs, à la manière du pèlerinage qui se tenait auparavant le 1er vendredi après la Pentecôte. Certains viennent de loin, comme « des Canadiens ou même des Japonais », qu’a pu croiser Dominique Menuge lors de précédentes éditions.
Il y a 30 ans et en cette même place, la fête avait pour thématique les pommes et les poires. À l’initiative de l’équipe de Jo Squiban, cette manifestation s’est transformée en fête du beurre. Le site de Saint-Herbot « est l’endroit idéal pour la faire », note Dominique Menuge.

Saint patron des bêtes à corne

Jadis, les fidèles apportaient à Saint-Herbot, saint patron des bêtes à cornes, du crin de queue de vache afin que le saint favorise une production laitière abondante et riche pendant l’année. Dans l’église qui porte son nom, on peut apprendre que Saint-Herbot vivait en ermite dans une grotte à Berrien (29). Il se retire ensuite dans la vallée de l’Elez, et le maître proche du village du Rusquec lui met à disposition une paire de bœufs. Très attaché à ses animaux, Saint-Herbot vivra en compagnie de ces deux bovins jusqu’à sa mort. Un culte lui est alors voué. Les cultivateurs viennent l’implorer quand leurs bêtes à cornes souffrent de maladies. Dans une prière, les fidèles déclarent : « Que nous respections les animaux d’élevage, soucieux de leur bien-être et pas seulement de la rentabilité ». Illustration que les éleveurs ont toujours été proches de leur troupeau.

[caption id= »attachment_42083″ align= »aligncenter » width= »720″] Les fidèles apportaient des crins de queue de vache, pour assurer une production riche et abondante de leurs animaux.[/caption]

Avec une crème bien froide

Catherine Quiniou, aussi surnommée Tine, se souvient qu’avec son troupeau composé d’une dizaine de vaches, le beurre tenait une place importante dans la ferme. « Après la traite et l’écrémage, j’utilisais une baratte à taper. Mais il fallait attendre que la crème soit bien froide ! », conseille-t-elle. Toutes les semaines, un marchand passait collecter entre 6 et 7 kg de beurre légèrement salé, une partie était gardée pour la consommation de la famille. « Nous utilisions ce beurre en cuisine ou cru. On en mangeait beaucoup plus que maintenant ! » Par la suite, le lait fut vendu à la coopérative et l’activité de barattage a cessé dans la ferme. Mais Catherine Quiniou reprendra du service lors de la fête et proposera des beurres légèrement salés ou doux, « selon les demandes », sourit-elle. Tartinée sur de belles tranches de pain cuit sur place, les visiteurs pourront caler les estomacs vides grâce à cette nourriture simple, aromatique et ancrée dans les traditions culinaires des petits comme des grands.

Le programme complet

Rendez-vous le dimanche 22 septembre à Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou (29), pour la Fête du beurre, dès 10 h. À 10 h 30, messe avec chants en breton. À 14 h, défilé de vieux tracteurs, puis fest-deiz animé par les Kantreriens, les Frères Morvan, Huellou et Caradec. Repas midi et soir (13 € le repas boisson comprise). Tout au long de la journée, de nombreuses animations : fabrication de cidre, exposition de costumes bretons, fabrication de cordes, sculpteur sur bois, forgerons, fileuse de laine… En plus de la fabrication de beurre à la baratte, pain cuit au feu de bois, façonnage de sabots, exposition sur le kaolin, parade du bagad de Lann-Bihoué. Entrée 5 €.


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