L’économie circulaire doit être source d’innovation et aider au développement agricole et social au niveau des territoires.
La maxime « Rien ne se perd, tout se transforme » attribuée à Lavoisier traduisant une volonté sociétale forte mettra-t-elle un terme à l’économie linéaire (je produis, je consomme, je jette) que l’on vit depuis quelques décennies au profit d’une économie circulaire ? Cette dernière sera-t-elle source d’innovation et de développement agricole et social ? C’était une réflexion lancée par Jean-Yves Tessier, délégué régional de Passion céréales, à l’occasion d’une halte de l’institution en Bretagne, à la brasserie Lancelot, au Roc-Saint-André (56), vendredi 14 juin.
Un champ des possibles infini
La Bretagne a toujours été une terre d’innovation. Et, elle est réceptive depuis longtemps à cette économie circulaire. « La preuve, nous sommes la 1re région en tri des déchets », rappelle Gilles Petitjean, directeur régional de l’Ademe. « Dommage néanmoins que l’on n’aille pas jusqu’au bout de la réflexion, car à ce jour, la Bretagne ne peut guère valoriser les déchets sur place », déplore-t-il. Mais l’économie circulaire n’est pas limitée au recyclage. Car, malgré les grands centres de tri, « on ne peut rien faire d’un produit qui n’est pas conçu pour le recyclage dès sa conception », rappelle-t-il. D’où le lien avec l’innovation. Et sur ce thème, l’agriculture n’est pas en reste. La Bretagne agricole n’a en effet pas attendu cette pression sociétale pour se mettre elle aussi à l’économie circulaire. Avec les céréales destinées à l’alimentation animale, la recherche en autonomie alimentaire, le recyclage des déchets, la méthanisation à la ferme… « En termes d’économie circulaire, il n’y a pas de limite. Il existe donc nombre d’idées innovantes à mettre en œuvre ou à découvrir et sur lesquelles l’agriculture peut encore se positionner », précise l’Ademe.
Créer un engouement collectif et territorial
Franck Pellerin, installé en Gaec avec son frère sur 140 ha à Val d’Oust (56), avec un atelier de bovins et de porc, maintient que cette notion d’économie circulaire est au centre de son métier. « Quand nous étudions un investissement ou une diversification, nous pensons avant tout au collectif : méthanisation collective, maternité collective, Cuma… » Des approches qui permettent d’assurer la rentabilité de l’exploitation, de créer du lien social, de développer l’emploi sur le territoire. « Car ensemble, on trouve plus de solutions ». Un fait qu’approuve Éric Ollive, directeur associé de la brasserie Lancelot. « Même si notre notoriété est régionale, nous souhaitons rendre au territoire ce qu’il nous donne. Et ceci, même s’il n’est pas toujours facile de trouver de nouveaux partenariats, il faut aller vers les gens. »
Quand il a voulu lancer la bière biologique, il s’est trouvé confronté à l’approvisionnement en orge bio. « Nous avons mis en place une filière coopérative ‘De la terre à la bière’. Une démarche qui va permettre au bout de 15 ans de voir l’élaboration d’une malterie cet automne. Et pourtant, créer une coopérative entre gens concurrents ce n’est pas si simple… », relaie le chef d’entreprise. Et côté sous-produits, il faut trouver des débouchés. La drèche est reprise par Franck Pellerin, comme complément alimentaire dans l’atelier bovin. « C’est autant de complément azoté venant de l’extérieur de la Bretagne en moins sur l’exploitation », note l’éleveur. Pour d’autres éléments, c’est plus compliqué, comme pour les levures, pourtant utilisables en porc ou en volaille. « Mais se confronter à d’autre métiers est enrichissant et permet souvent de trouver des solutions ».
Des freins persistent
« L’agriculture a de tout temps façonné le paysage et la mentalité bretonne. L’homme et la nature vont évoluer ensemble pour diminuer l’empreinte écologique mais en préservant l’eau, la biodiversité sans oublier son objectif premier de nourrir la population, à partir de systèmes économiquement viables », optimise Paul Molac, député du Morbihan et conseiller régional. Et les réglementations à venir devront sensibiliser l’homme à diminuer ses déchets, voire faire de ses déchets des matières premières, en insistant sur le rôle indéniable de la méthanisation. « Des soutiens publics sont là pour aider à la mutation », insiste Paul Molac. Nécessaires, face aux montants de capitaux de certains projets. Les lourdeurs administratives, la maîtrise des technologies, le clivage du monde agricole sont d’autres freins évoqués par les intervenants. « Mais la formation aide à lever les freins », insiste Franck Pellerin.
Chateigner
Encore un député qui n’a rien compris, non ces déchets ne sont pas transformés en matières premières !
sincèrement
le CSNM