L’École des filles de Huelgoat a organisé un week-end de réflexion sur l’agriculture de demain. Les algues vertes ont constitué une partie des débats.
« Le forum Promesses d’avenir Les Agriculturels a pour objectif d’apporter des réponses environnementales et des solutions pour le stockage de carbone », présente Jean-François Sarreau, agriculteur à Landeleau (29) et président de l’Institut de l’Agriculture durable. Ce forum qui s’est tenu à l’École des filles de Huelgoat (29) a laissé la parole libre aux professionnels et aux citoyens pour aborder divers sujets de l’agriculture, sur fond de pratiques limitant le travail du sol ou encore sur la valorisation des algues dans le monde.
Se pencher sur les dossiers par le bon côté
Konrad Schreiber, spécialiste des sols vivants et des couverts végétaux, balaie rapidement des sujets où l’agriculture est pointée du doigt. Concernant la prolifération des algues vertes, « on a attaqué par le mauvais côté le dossier, en pointant les nitrates. Or aujourd’hui, il y a de moins en moins de nitrates dans les eaux, les algues vertes sont toujours là ». Pour se développer, ces végétaux marins ont besoin de 5 à 10 mg/l de nitrate pour croitre, et l’agronome de justifier ce phénomène par « l’érosion des sols, qui envoient dans les baies des matières organiques et du phosphore. Il faut impérativement supprimer cette érosion ». La couverture des sols est un point clé pour le spécialiste qui invite à ré-intensifier la photosynthèse, avec « plus un seul m2 sans végétaux ». Sans travailler le sol, Konrad Schreiber obtient des résultats, « mais la société a l’air d’ignorer ces solutions », déplore t-il.
Il a la fibre pour les algues
Et si ces amas d’algues vertes étaient une source d’avancée technologique ? C’est ce que pense Hervé Balusson, P.D.G du groupe Olmix. « En Australie, on utilise ces algues pour capter les nitrates qui détruisent les récifs coralliens. Cet azote est émis par l’aquaculture. L’avenir passe aussi par les fibres végétales, les algues vertes en contiennent, ainsi que d’autres molécules bénéfiques pour la santé ». Et le dirigeant de rappeler que la Bretagne dispose de plus de 800 espèces d’algues, mais que le problème de fond tient dans le manque d’investissement. « Transformer l’innovation en chiffre d’affaires est très difficile. Il existe un gisement de chercheurs à Roscoff (29), mais il n’y a pas de fonds d’investissement ».
Manger son assiette
Samuel Tomatis est un jeune artiste designer qui utilise les algues comme matière première de ses créations. Les formes et les textures sont variées, parfois très solides. « Les algues vertes brunes ou rouges ont des propriétés intrinsèques différentes, comme la couleur, l’élasticité et la biodégradabilité. Elles ressemblent à des choses existantes, comme des cuirs végétaux ». Le créateur travaille même avec des cuisiniers. « Et pourquoi pas manger son assiette ou son verre quand le repas est fini ? », lance-t-il. Une nouvelle façon de consommer peut-être dans un futur pas si lointain.