Dans un contexte médiatique et sociétal où l’agriculture est société et les agriculteurs mal dans leurs bottes, la FDSEA 22 est à pied d’œuvre. Le syndicat dénonce la pression mise sur la profession « dans un pays où la réglementation est déjà extrêmement stricte ».
« Insultes, gestes déplacés, menaces, intrusions, incendies… L’agribashing prend différentes formes dans nos campagnes. Les agriculteurs n’en peuvent plus d’être désormais sans cesse attaqués », démarre Fabienne Garel, présidente de la FDSEA des Côtes d’Armor. Ce lundi 23 septembre, elle a donné rendez-vous à ses troupes à Saint-Brieuc pour un barbecue symbolique devant la Préfecture. « C’est le début d’une série d’actions décidée en lien avec notre réseau. » Elle cible notamment les personnes qui pénètrent dans les exploitations : « Ici ou ailleurs, ces entrées sont intolérables, et même dangereuses pour les élevages d’un point de vue sanitaire. C’est également une remise en cause de la liberté d’entreprendre puisque les militants qui ne respectent ni la réglementation, ni la propriété privée perturbent l’activité des agriculteurs. » Les syndicalistes pointent encore une fois les images sorties de leur contexte, cherchant sans cesse à fausser la vérité, à montrer une autre réalité. « On filme des vaches laitières venant d’entrer dans un parc d’attente à l’heure de la traite et on essaie de faire croire qu’elles sont élevées dans un espace réduit toute leur vie ! »
Phytosanitaires, une polémique qui enfle
Les représentants de la profession sont notamment inquiets concernant la polémique sur l’usage des produits phytosanitaires qui ne cesse d’enfler dans les médias. « Des personnes se bouchent le nez au passage des tracteurs, d’autres se couchent dans les entrées de champs pour empêcher l’accès… Des maires sans compétence particulière veulent prendre des arrêtés allant à l’encontre d’une réglementation basée sur des faits et des études d’organismes indépendants. » Certains y voient du clientélisme électoral à l’approche des élections municipales prochaines. Pragmatique, Tanguy Rouseau, président des Jeunes Agriculteurs 22, revient sur l’idée d’interdire les traitements à moins de 150 m des riverains : « Déjà, des distances de 5 ou 10 m auront un impact économique important sur les résultats des exploitations. Mais 150 m ! Sur une commune côtière et légumière comme Trélévern, nous avons calculé que la surface cultivable serait tout simplement réduite de 80 %. Inimaginable. Une partie de la société veut nous imposer des règles encore plus strictes alors même que ces mêmes consommateurs ne favorisent pas ensuite l’origine France dans leurs achats alimentaires. C’est un paradoxe qui ne fait qu’augmenter les distorsions de concurrence entre l’agriculture française et les filières étrangères aux réglementations beaucoup plus laxistes qui viennent nous concurrencer dans les rayons et nos assiettes. »
Une charte pour renouer le dialogue
Les responsables qui espéraient pouvoir dialoguer avec leurs opposants avouent que les échanges sont « très compliqués ». Ils se mobilisent donc autour de la possibilité dans le cadre de la loi Égalim de produire et diffuser une « charte des riverains » en partenariat avec l’Association des maires de France pour le département. « Le travail est en cours. L’idée est d’officialiser cette charte pour janvier 2020. Elle reviendra en pratique sur les distances, la pulvérisation de précision, l’impact de la présence de haies… Cette charte départementale évitera aussi les tentatives de mise en place de règles différentes d’une commune à l’autre », détaille Philippe Cherdel, secrétaire général de la FDSEA 22. « Cette charte doit favoriser, l’évolution des pratiques, la prise de précautions et l’utilisation des nouvelles technologies pour la pulvérisation, mais aussi rassurer les riverains et stopper la stigmatisation subie par les agriculteurs en apportant de la transparence. »