Ce 16 octobre, les agriculteurs ont perçu un acompte sur les aides Pac. 70 % du montant des aides du premier pilier et 85 % des paiements en lien avec le développement rural, au lieu des 50 % versés les années précédentes. Les trésoreries à sec apprécient. Mais cette main apparemment généreuse est trompeuse. Ce versement répété d’avances depuis 2011 est l’aveu que l’agriculture ne se suffit pas à elle-même pour se rémunérer. Dans les fermes, l’acompte d’octobre est désormais attendu pour payer les factures d’ensilage ou rembourser l’emprunt contracté au printemps afin de se faire une avance sur avance.
L’augmentation de l’acompte d’octobre 2019, brandie comme une victoire syndicale par les uns et comme un soutien indéfectible de la puissance publique à l’égard de son agriculture par les autres, ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt. L’ensemble des aides agricoles représente aujourd’hui sensiblement l’équivalent du revenu de la ferme Bretagne ; avec de fortes variations entre les productions : 20 % en légume, 64 % en porc, 86 % en lait et même 135 % en viande bovine.
Au-delà du scintillant de l’augmentation du taux de l’avance, il faut bien observer que le total des aides Pac versées aux agriculteurs baisse. En 2018, les aides directes ont diminué de 6 % en Bretagne. Depuis 2015, l’enveloppe attribuée à la Bretagne a baissé de 16,7 M€. La prochaine réforme de la Pac prévoirait une nouvelle réduction des aides de 5 % ; « – 15 % », alertent même certaines organisations professionnelles. Il est peu probable que le consommateur européen, qui consacre annuellement 117 € de ses impôts au soutien à l’agriculture, daignera compenser cette baisse en ciblant mieux les articles alimentaires qu’il dépose chaque semaine dans son caddie.