Vendredi 11 octobre, 250 salariés de la Chambre régionale d’agriculture de Bretagne (Crab) étaient rassemblés dans un mouvement de grève devant le siège de Plérin (22). La direction confirme une baisse des effectifs à terme.
« Une mobilisation de cette ampleur, c’est du jamais vu, en Bretagne et même ailleurs », confiait un ancien de la maison. Et les représentants de la CFDT de préciser : « Mouvement inédit auquel il faut ajouter 100 personnes déclarées en grève dans les antennes de la Chambre régionale. » Au total, 350 personnes engagées, soit plus de la moitié des 640 salariés (pour 610 ETP).
100 postes en moins ?
Depuis des semaines, des bruits font écho d’une baisse à venir de 100 salariés. « La suppression de la formation qualifiante et des prestations individuelles payantes est avancée… Dans un projet politique qui cherche à assurer le renouvellement des générations, on supprime la formation des agriculteurs. Cela ressemble à un démontage en règle », précise un délégué syndical. L’inquiétude se lit sur les visages. Une salariée interroge : « On nous dit de ne plus prendre de stagiaires. Doit-on écouter ou faire comme si de rien n’était ? » Beaucoup ont déjà intégré qu’il y aurait moins de postes. « Mais combien ? Avec quels moyens financiers pour restructurer ? L’e-mail sans chiffres reçu n’est pas ce qu’on appelle du dialogue social. On veut des accompagnements réels et financés », précise un représentant de la CFDT. « En attendant, même si cela ne plaît pas, faisons du lobbying auprès des agriculteurs. Certains élus ont d’ailleurs essuyé de sacrés camouflets : comme ceux qui faisaient la promotion des centres de formation au Space avant d’apprendre le lendemain leur fermeture… »
Plusieurs services affectés
Le même jour, André Sergent et Sébastien Giraudeau, respectivement président et directeur de la Crab, ont communiqué. À ceux qui gardent en tête les comptes équilibrés des Chambres départementales jusqu’en 2016, André Sergent affirme que « la régionalisation est la bonne logique et ira dans le sens de l’histoire ». Sébastien Giraudeau enfonce le clou : « Nos comptes affichent 2 millions d’euros de perte. Sans la convergence, nous en serions à 8 millions en lien avec la baisse des ressources fiscales essuyées… ». Les responsables n’ont pas attendu pour s’attaquer à des « activités déficitaires » (fermeture des stations de recherche). L’impératif : continuer à « faire des économies », alors que « d’autres acteurs proposent le même type de prestations ».
Le directeur est ferme : « Sans lâcher de chiffre, nous allons baisser les effectifs. La tutelle de l’Administration régionale nous incitait déjà au non-renouvellement lors de départs en retraite… » Les CDD ne seront pas reconduits. Des compétences seront « transférées ailleurs » (formateurs vers des écoles). Les services communication et bâtiment « pourraient » être affectés. Les salons départementaux sont plus que menacés. « Mais ce ne sera pas le départ de 100 personnes du jour au lendemain », promet André Sergent. Les grévistes réclament un audit indépendant ainsi qu’un moratoire en attendant. Les dirigeants répondent : « Nous avons une vue claire de la situation. Nous ne pouvons pas attendre car nous sommes dans la construction du budget 2020 à boucler pour le 30 novembre. »