Une étude récente, réalisée par BCLEO sur 226 000 vaches, montre que des laitières en légère acétonémie sont moins fertiles. D’où l’intérêt de détecter la maladie.
L’outil est connu mais encore trop peu utilisé selon Luc Manciaux, vétérinaire à BCLE Ouest. L’indicateur Cetodétect permet pourtant de déceler les corps cétoniques qui ont un impact notable sur la santé et sur la reproduction. « L’an dernier, une étude menée sur 226 429 vaches (400 000 mesures) a montré que les notes élevées de corps cétoniques, mesurés entre le vêlage et l’IA dans le lait, induisent une baisse du taux de réussite à l’insémination allant jusqu’à 8 %, par rapport aux animaux non malades. Si une vache est toujours en acétonémie après l’IA , les chances de réussite diminuent de 15 % ». Or, des études précédentes ont montré qu’un quart des analyses sont positives sur des vaches en début de lactation (< 100 jours). 5 % d’entre elles sont dans un état jugé critique. « Environ deux tiers des éleveurs ne contrôlent pas ce critère. Le risque est variable selon les troupeaux et selon la période ; il y a peu de situations stables ».
Dysfonctionnement hormonal
La vache doit avoir suffisamment d’appétit en début de lactation pour faire face à l’augmentation de production. Trop grasse, elle ne consomme pas assez. La fonction de reproduction souffre de ce manque énergétique alimentaire. « La vache a tendance à privilégier l’instant présent au futur ; à savoir nourrir son veau plutôt que de penser au prochain. Le déficit énergétique entraîne, entre autres, un dysfonctionnement hormonal (gona-
dotropes) qui agit au niveau utérin et ovarien ». D’où l’intérêt de la mesure, d’autant plus que les problèmes de reproduction ne sont pas isolés (voir par ailleurs)…. Le coût du dosage est de 4 € par animal et par an. « L’acétonémie a un coût estimé entre 75 € et 200 € par vache selon la gravité ». Les primipares sont moins concernées par les acétonémies. Le nombre de cas augmente avec le rang de lactation. Les vaches en 3e lactation et plus ont 2,3 fois plus de risque d’être positives que les primipares.
[caption id= »attachment_43411″ align= »aligncenter » width= »720″] Les vaches en 3e lactation et plus sont plus exposées.[/caption]
Système immunitaire affecté
En France, les troupeaux sont de petite taille. Une centaine de laitières, c’est une dizaine de vêlages par mois dont un tiers de génisses. Une conduite rigoureuse du lot de taries n’est donc pas toujours évidente. Dans l’idéal, il faut pourtant prévoir deux périodes alimentaires au tarissement: un temps de repos de trois semaines avec un aliment fibreux suivi d’une période équivalente de préparation au vêlage avec un aliment identique à la ration des laitières. Le tissu mammaire se reconstitue, comme les papilles du rumen qui permettent d’absorber les acides gras volatils. Une telle conduite favorise une bonne entrée en lactation, avec un bon appétit et sans grosse perte de poids. Il faut également penser à l’abreuvement. Le vêlage représente un effort physique intense. L’éleveur doit s’assurer d’une prise de 40 à 60 litres d’eau pour relancer l’activité de fermentation d’un animal qui n’ a rien mangé ni bu depuis plusieurs heures. Autre moyen de prévention: l’administration d’un bolus Kexxtone agit sur le métabolisme ruminal en libérant du monensin qui oriente la production des bactéries du rumen vers l’acide propionique (un précurseur du glucose). Pour traiter l’acétonémie, l’ajout de propylène glycol est indiqué. Il apporte l’énergie manquante (glucose). Les hépato-protecteurs permettent aussi d’optimiser le fonctionnement du foie. Quand l’éleveur réalise des analyses, ces produits ne sont pas nécessaires à bon nombre de ses vaches. Luc Manciaux, vétérinaire BCEL Ouest