En élevage, la science avance

 - Illustration En élevage, la science avance
Le système Copeeks permet de suivre chaque animal et d’analyser l’intensité des déplacements.
Le déploiement de l’intelligence artificielle et la miniaturisation des capteurs ouvrent des perspectives pour suivre le bien-être et les performances des animaux.

Collecter des images de caméras et de sondes (température, hygrométrie, qualité de l’air…) placées dans l’environnement des animaux pour les transformer en informations utiles pour l’éleveur. Depuis 2016, la société Copeeks est engagée sur ce marché de l’agriculture de précision. « Notre produit fonctionne déjà en ateliers porcin, bovin et avicole. Il entrera bientôt en pisciculture », explique Gwénaël Le Lay, président de l’entreprise.

Suivre les animaux en temps réel

« L’analyse de séquences vidéo permet de faire du « tracking. Ainsi, en élevage de dindes par exemple, le système reconnaît et suit chaque animal. Il analyse les mouvements en mesurant l’intensité et la vitesse des déplacements », détaille Julie Champion, développeur d’affaires. « La production de cartes thermiques en empilant les photos prises au fil du temps aide à repérer un amas de volailles sur une zone, des endroits désertés… L’imagerie permet de vérifier si les animaux sont dans de bonnes conditions de confort et peut renseigner sur les questions de densité, de qualité de la litière, d’ambiance ou de bon fonctionnement des lignes d’eau ou d’alimentation… »

En élevage de porc, en définissant l’auge comme zone d’intérêt, il est, par exemple, possible d’étudier la fréquence d’occupation. Très tôt devant une évolution des comportements, l’éleveur qui reçoit les informations sur son Smartphone peut se rendre compte que l’aliment n’a pas été distribué sur une chaîne ou que certains animaux ne s’alimentent pas.

Interpréter les données

Dans les stabulations, l’analyse des images apporte des informations sur la proportion de vaches couchées, le taux d’occupation des logettes ou de la table d’alimentation, la fréquentation du robot de traite… Les informations transmises à l’éleveur attirent l’attention sur un besoin ponctuel de repousser la ration ou un problème plus récurrent comme la nécessité de revoir le réglage de la barre au garrot des logettes. Écart thermique journaliser, répartition des animaux dans l’espace, types de déplacement, zone d’intérêt… Toute une série de données sont fournies à l’éleveur. « À lui de les interpréter, parfois avec l’aide de ses conseillers. Grâce à cette mesure en continu de l’ambiance dans les bâtiments, l’idée est un repérage en temps réel des problèmes et une détection précoce d’un risque de dégradation de la santé animale », terminent Julie Champion et Gwénaël Le Lay.

L’agressivité des porcs sous surveillance

Le projet européen PigWatch vise quant à lui « à concevoir et à fabriquer un dispositif pour suivre l’activité des porcs pour détecter de manière automatisée des comportements agressifs notamment », décrit pour sa part Marc Donikian, de la société CEA Tech. L’éleveur est ensuite alerté par l’intermédiaire d’une application sur son Smartphone. En s’intéressant à l’activité des animaux et à ses variations, les chercheurs ont ainsi identifié « huit états synthétiques » en regardant et en annotant des heures et des heures de vidéos de cochons : « Sommeil, calme, mange, mouvements d’oreilles, saute, agression, en mouvement. » Des états mis ensuite en lien avec les signaux bruts enregistrés par un accéléromètre porté par chaque animal. Ce produit a été développé sous forme de boucle d’oreille pesant 50 g.

Les défis sont nombreux : « L’objet doit être résistant à l’eau, aux mâchouillements et aux morsures, être léger et adaptable à la boucle RFID, embarquer une batterie pour être autonome, pouvoir communiquer en bluetooth basse consommation… » Ce dispositif a déjà été testé en 2018 en conditions réelles d’élevage en partenariat avec l’Inra de Rennes. « La performance obtenue est équivalente aux autres systèmes, mais avec l’avantage de classer beaucoup plus de comportements, 8 au total. », estime le chercheur.

La société CEA Tech travaille également sur un dispositif de surveillance s’appuyant sur un aérocollecteur (projet InterCarnot Collair) pour une détection rapide des pathogènes dans l’air. Nombreuses sont en fait les solutions technologiques qui pourraient être rapidement déployées sur le terrain. Mais de nombreuses questions se posent encore : place de l’éleveur, protection et propriété des données, nombre d’objets connectés portés par un même animal…

Xavier l’Hostis, Responsable Innovation chez Adventiel

Plus de fiabilité avec le temps

Nous sommes actuellement dans un contexte très favorable au développement de l’intelligence artificielle en agriculture car de plus en plus de données sont générées par des capteurs et des objets connectés de plus en plus nombreux dans les exploitations. La puissance informatique augmente et coûte également moins cher. On peut donc s’appuyer davantage sur le “machine learning” : comme notre cerveau apprend par l’expérience de ses propres erreurs, un modèle peut s’améliorer de manière autonome au fil du temps. Avec le temps, le système gagne en fiabilité.


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