Interview : « Le prix du soja devrait rester stable »

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Yvon Pennors, directeur de Bunge France spécialisée dans le négoce de céréales et d’oléagineux, est intervenu à l’AG de la section céréales de Triskalia. L’occasion de faire un point sur le marché de la protéine.

La baisse des importations chinoises de soja impacte-t-elle le marché ?

La Chine, qui importe un tiers de la récolte mondiale, a diminué ses achats de 10 millions de tonnes environ cette dernière année en raison de la baisse du nombre de porcs (peste porcine africaine). La production animale est toujours plus efficace. L’indice de consommation diminue, surtout en volailles. Mais la consommation de tourteaux de soja est toujours en augmentation dans le monde (en lien avec la démographie).

[caption id= »attachment_43134″ align= »alignright » width= »210″] Yvon Pennors[/caption]

Où en sont les stocks de soja ?

Le Brésil est le plus gros producteur devant l’Argentine et les États-Unis (280 millions de tonnes à eux trois). Ces trois pays sont quasiment les seuls acteurs sur le marché. Les stocks de fin de campagne sont à un bon niveau. Le prix actuel (320-325 €/tonne sortie usine) devrait rester stable dans les prochains mois sauf gros aléas climatiques dans l’une des régions productrices.

La demande de non-OGM va-t-elle augmenter ?

Les sojas importés sont majoritairement génétiquement modifiés. En France, la demande de non-OGM concerne 15 % des volumes. Ceux-ci sont surtout utilisés en alimentation porcine (labels). L’avenir de ce type de production dépendra de la demande qui est difficile à prévoir. On peut d’ailleurs se poser la question de la « durabilité » des différents systèmes. Les labels et leurs indices plus élevés sont-ils réellement plus durables ?

La production de tourteaux européens est-elle pérenne ?

Le colza et le tournesol sont cultivés pour leurs huiles, essentiellement en Europe. Les volumes augmentent, en lien avec la politique européenne qui favorise la production de biocarburants. Cela devrait durer pendant les cinq à dix prochaines années. L’huile de colza est utilisée à 50 % comme biocarburant. L’huile de palme, qui pourrait être une concurrente, se fige au froid, elle n’est pas utilisée comme biocarburant dans le nord de l’Europe. Conséquence : la production de tourteaux de colza et de tournesol augmente et concurrence le soja dans l’alimentation animale.

D’autres sources de protéines émergent-elles ?

Le blé est de plus en plus concurrentiel en termes de production de protéines par hectare. Avec un meilleur pilotage des apports d’azote, il pourrait être encore meilleur. En Allemagne, le taux de protéines est plus élevé car le dernier apport est plus important, avec sans doute des rendements plus faibles. Au Danemark, le taux de protéines du blé n’est que de 8 % ; il est destiné à l’alimentation animale. Le pois est une culture intéressante mais les rendements sont trop variables. Il n’est pas très compétitif en termes de prix. Il est souvent destiné à l’alimentation humaine.

L’élevage va-t-il augmenter dans les régions productrices de céréales et d’oléagineux ?

C’est probable. Le Mato Grosso au Brésil, par exemple, est situé à 2 000 km des ports. La production d’éthanol (maïs) et l’élevage s’y développent. Mais les Chinois y construisent une ligne de chemin de fer pour relier la région à la côte et sécuriser leur approvisionnement en soja. Ils ont une vision à long terme.


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